Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
non-fiction
Comment être encore humaniste aujourd’hui ?
Une dénonciation de la tendance rétrograde de l’anarchie moderne, à travers les études de genre, l’éthique animale et la bioéthique.
Article mis en ligne le 28 novembre 2018
dernière modification le 26 novembre 2018

M. Foucault conclut Les Mots et les choses en affirmant que l’homme est une invention dont l’archéologie de notre pensée montre aisément la date récente. Si les dispositions fondamentales de notre savoir venaient à disparaître ou à basculer, comme ce fut déjà le cas, on pourrait prendre le pari que l’homme s’effacerait du même coup, comme un visage de sable à la limite de la mer. Or, les choses ne se passent pas tout à fait comme prévu : le flot apporte avec lui toutes sortes de créatures tantôt dérisoires, tantôt répugnantes, tantôt monstrueuses, que le jusant ne remporte pas toujours vers le large. Ce sont leurs mouvements convulsifs qui font que le visage s’estompe et devient de plus en plus flou et non le soyeux d’une vague mourante ou l’action paisiblement défaisante de la brise.

Bien entendu, l’homme dont parlait M. Foucault n’est pas l’homme de l’humanisme ancien, renaissant, classique ou des Lumières. Toutefois, la métaphore du visage de sable effacé semble s’appliquer, sans grave distorsion, à la réaffirmation vigoureuse de l’humanisme opérée par J.-F. Braunstein (JFB), professeur de philosophie contemporaine à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne où il enseigne l’histoire des sciences ainsi que la philosophie de la médecine et l’éthique médicale.

Le propos de JFB relève d’un art difficile qu’il pratique avec brio : celui de l’intervention philosophique. Il s’empare de trois débats « connus » du grand public par des sondages où chacun est sommé de donner son avis sur une question dont il a plus ou moins entendu parler. Ces questions sont aussi agitées dans le monde universitaire où des publications savantes et des revues académiques leur sont consacrées. Elles concernent le genre, les droits de l’animal et l’euthanasie. De tels débats, selon JFB, ont une tout autre portée que celle que leur attribuent leurs protagonistes et, à plus forte raison, l’homme du commun : les études de genre débouchent sur la négation du corps ; l’éthique animale, sur l’oubli de l’homme ; la bioéthique et son enthousiasme pour l’euthanasie, sur la banalisation de la mort.

Or pour JFB, derrière les bons sentiments et le politiquement correct, se dissimulent l’élimination de la différence sexuelle, l’animalisation de l’homme, le refus de l’idéal. Se dessinent là les contours, ou plutôt l’absence de contours, d’un monde informe, sans frontières ni limites, où tout est nivelé et indifférencié, monde qui semble invivable à JFB. (...)