
Alors que le prix du gaz augmente en France, celui de l’électricité va bientôt exploser au Royaume-Uni, suite à une taxe prétendument « verte ». Cette taxe servira notamment à financer les réacteurs EPR qu’ambitionnent de construire EDF et Areva. EDF devrait aussi largement bénéficier de la nouvelle loi sur l’énergie, qui vise à dédommager les opérateurs en cas de manque de rentabilité...
Le gouvernement conservateur de David Cameron prépare une augmentation drastique de la taxe sur les factures électriques, censée financer les énergies faiblement émettrices de CO2. L’objectif est de collecter 9,4 milliards d’euros (7,6 milliards de livres) d’ici 2020. Des analystes financiers estiment qu’il en résultera une hausse de près d’un tiers des factures d’électricité [Lire ici (en Anglais)], qui sont déjà supérieures de 10 à 15% en moyenne aux factures françaises. Et ce, dans un contexte d’austérité budgétaire particulièrement brutale au Royaume-Uni.
À qui bénéficiera cette taxe « verte » ? Avant tout aux constructeurs de centrales nucléaires, qui pourront s’en accaparer la plus grande part. EDF est la première concernée, puisqu’elle prévoit de construire, avec Areva et Bouygues, quatre nouveaux réacteurs EPR au Royaume-Uni. Le programme de « renaissance nucléaire » initié en leur temps par les travaillistes de Tony Blair prévoyait pas moins de douze nouveaux réacteurs. (...)
La nouvelle loi sur l’énergie, dévoilée jeudi 29 novembre – et déjà applaudie par EDF selon le Financial Times – instituera également un seuil de prix de l’électricité en deçà duquel le gouvernement britannique dédommagera les entreprises pour assurer la rentabilité de leurs investissements. Le niveau de ce seuil doit être fixé ultérieurement. (...)
Depuis des mois, le groupe français fait monter la pression pour obtenir du gouvernement britannique le maximum de concessions. Ce dernier, confronté à l’héritage de la libéralisation totale du marché de l’énergie dans les années 1980, fait face à des décisions difficiles pour assurer l’avenir de l’approvisionnement énergétique du pays. Le gouvernement est tiraillé entre les partisans de l’énergie éolienne, ceux du nucléaire, et ceux du gaz, emmenés par le chancelier George Osborne, lequel vient d’annoncer une série de mesures pour favoriser l’exploitation des gaz de schiste.
Malgré les déboires accumulés par les chantiers de l’EPR en Finlande et en France, la perspective de nouveaux réacteurs financés à leur corps défendant par les contribuables et consommateurs britanniques reste bel et bien à l’ordre du jour. (...)