
Une lectrice d’Eaux glacées, habitant un petit village du Nord de la France, nous a adressé un témoignage qui glace le sang. Depuis plusieurs dizaines d’années les lobbies de l’eau et de l’agriculture, tout-puissants, intouchables, violent impunément la loi. Résultat, un désastre environnemental, mais surtout une hécatombe, avec des cancers foudroyants qui déciment son entourage.
« Depuis des années, nous connaissions des problèmes de refoulement des eaux usées dans notre habitat, sans en comprendre la cause. Aujourd’hui, nous avons l’explication…
Nous sommes un quartier (vingt-cinq maisons), passé de zone BN à UC, dont les parcelles sont situées sur une nappe phréatique sub-affleurante, avec un PPRN, aléa inondation, depuis 2001. Il n’y a pas eu d’enquête publique, pourtant la mairie distribue des documents pour tous les nouveaux acquéreurs.
Nous avons fait construire fin 1998, et ne l’avons appris que le 3 février 2015…
Un ANC avec fosse toutes eaus, plateau d’épandage et rejet des eaux usées retraitées dans un cours d’eau ne peut fonctionner quand il est implanté dans une nappe phréatique, et quand il y a des cuvettes argileuses, selon le guide du SPANC, version "Collectivités", et non pas usagers...
Aujourd’hui, Noreade, Régie du SIAN-SIDEN, dont le 1er Vice-Président est un très gros exploitant agricole des Flandres, nous somme de nous mettre aux normes, de faire un étude de sol à 500 euros (pure arnaque pour vérifier quoi : le niveau de l’eau ?), et nous impose une micro-station à 20 000 euros !
Je dois me réjouir, j’aurai droit à une subvention de l’Agence de l’eau quand je sais que d’autres riverains n’ont pas eu cette chance…
Bien sur, il faudra une pompe de relevage car compte tenu de la variabilité des solutions en ANC, impossible de se dispenser de cette solution la plus chère (normale en zone inondable !), et bien sur énergivore…
Comment nous mettre aux normes, alors que mes nombreuses copines de l’autre côté des berges du cours d’eau, dont la station d’épuration des urines des vaches se rejette dans ce cours d’eau, ne sont pas contrôlées, car ce n’est pas une installation classée pour la protection de l’environnement (ICPE) et elle n’est donc pas tenue de se mettre aux normes…
Aujourd’hui, le cours d’eau et les fossés bouchés (non entretenus, non connectés entre eux...), sont le réceptacle des eaux usées non retraitées depuis au moins vingt ans. Nous sommes infestés par les mouches, les rats et rats musqués. (...)
Il est clair que le Règlement sanitaire départemental est enfreint sur de nombreux articles. Le cours d’eau a été déclassé en fossé pour arranger les agriculteurs du coin : passage en terre défoncé, non réglementaire, avec un petit drain sous terre obstrué et criblé par les déjections du bétail, couloir de circulation avec des coulées de boue dans le cours d’eau, un second agriculteur qui cultive jusque dans le cours d’eau... (...)
En conclusion, nous avons la malchance d’habiter une commune rurale de 1400 habitants, siège du plus gros syndicat mixte de rivière, avec neuf bassins qui couvrent l’Artois-Picardie.
Son président est un agriculteur, fils de sénateur, qui a créé le syndicat, 1er adjoint au maire depuis vingt ans au moins, en charge des finances de la commune et des affaires rurales, ancien président de la FDSEA, gérant depuis trente-six ans d’une société qui loue et vend des terrains, vice-président du comité syndical du plus grand bassin hydraulique de la Lys sur les neuf que compte le syndicat de rivière, auquel la commune est rattachée.
J’aimerais dire à Monsieur Vallini, en charge de la réforme territoriale, qu’un agriculteur ne peut être président d’un syndicat de rivière. On ne peut être juge et partie comme le confirme l’ensemble du personnel du syndicat des Trois Rivières, dans le département de l’Ardèche qui a accepté de me prêter main forte à la recherche de la vérité.
Et puis, à part pour les agriculteurs très aidés financièrement, vivre sur une nappe phréatique sub-affleurante sans le savoir, à six mètres d’un champ de 3000 m2 où l’on pratique une culture intensive, à trente mètres des étables d’une ferme, a des conséquences sur le plan de la santé et de l’habitat : bois des velux moisis, taux d’humidité supérieur à la moyenne, avec condensation, maladies respiratoires, maux de tête surtout quand on ne peut aérer tant il y a de mouches qui criblent de déjections l’intérieur et l’extérieur de l’habitat, sans compter les piqures…
Voici notre vie aujourd’hui avec mes quatre enfants, et par extension celle de mes voisins, dont certains ne sont plus là pour témoigner (...)