
Un document de travail émanant du ministère du Commerce extérieur indique que le gouvernement français continue de discuter les conditions de mise en œuvre de l’accord commercial avec la communauté économique qui regroupe plusieurs pays d’Amérique du Sud. Face à la Convention citoyenne pour le climat, Emmanuel Macron avait pourtant affirmé avoir stoppé les échanges sur le sujet. Le chef de l’État l’affirmait même depuis des mois : la France refusera de s’engager dans un accord qui, « en l’état », contribue à la déforestation et au réchauffement climatique. Or rien n’indique qu’il n’y ait eu des avancées en la matière... Décryptage.
Le « non, à moins que » de la France est-il en passe de devenir un « oui, pourquoi pas » à l’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur ? Sans jamais être totalement sortie des radars, la perspective d’un retour de Paris dans les négociations du traité de libre-échange est devenue concrète cette fin de semaine. Remis à plusieurs ONG et syndicats, un document de travail émanant du ministère du Commerce extérieur révèle que le gouvernement français continue de discuter les conditions de sa mise en œuvre. Non seulement cela, mais il serait proche de valider un compromis suffisant, à ses yeux, pour lever le véto qu’Emmanuel Macron se disait fermement décidé à poser.
Long d’à peine deux pages, le texte déroule une série de conditions additionnelles censées répondre aux préoccupations soulevées par le projet d’accord en matière de climat et de précautions sanitaire. Problème, estiment les organisations, convoquées jeudi prochain à une visioconférence : le document ne fait que survoler les craintes relatives aux non respect des droits humains et à l’instabilité économique que le traité génèrerait de part et d’autre de l’Atlantique. Surtout, il ne porte, a priori, que sur la rédaction d’un protocole additionnel à l’accord, lequel « n’aurait pas la même portée juridique et n’en modifierait pas les fondements économiques », souligne l’économiste Maxime Combes, membre d’Attac et de l’Aitec (...)
Une hausse des émissions valant pour près de 11,5 millions de tonnes équivalent de CO 2 par an (...)
Selon le ministère du commerce extérieur, « un ensemble de conditions préalables pourrait être défini »
Tout, encore une fois, résidait dans ce « en l’état », lequel semble donc sur le point d’être évacué. (...)
Jusqu’à 26 % d’importation de viande bœuf en plus en Europe d’ici 2030 (...)
En Uruguay ou au Paraguay, les paysans s’alarment tout autant. « De plus en plus de communautés autochtones sont affectées par l’avancée de l’agro-industrie. C’est une expansion sauvage et très violente, sans les moindres précautions et restrictions », rappelle G uillermo Ortega, responsable de l’organisation Base investigaciones sociales (Base-IS) . Témoignant dans un rapport publié cette semaine par le CCFD-Terre Solidaire, il poursuit : « Nous avons toutes les raisons de craindre une aggravation de la situation. L’accord (UE-Mercosur) va pousser les grands producteurs à chercher à exploiter de nouvelles terres, notamment dans des lieux où des organisations paysannes sont en lutte pour accéder à la terre. »
La présidence portugaise décidée à finaliser l’accord sous six mois
Les organisations syndicales et environnementales françaises ignorent encore précisément les suites que la France compte donner au document de travail qui leur a été présenté. « Une chose est sûre », relève toutefois Maxime Combes, « cela prouve que le gouvernement continue de négocier sur l’accord, alors qu’il avait assuré ne plus le faire. » Le contexte européen, en outre, laisse penser qu’il en est de même pour beaucoup d’autres pays, alors que le processus est au point mort depuis le 9 novembre, date où l’accord était initialement censé être ratifié. (...)
Dès le 11 novembre, en outre, des ministres espagnols, Portugais, Suédois Danois ou encore Finlandais ou Italiens ont écrit au commissaire européen alors en charge du commerce, Valdis Dombrovskis, pour exprimer « leur soutien à la signature et à la ratification de l’accord UE-Mercosur », souligne pour sa part le collectif Stop-Ceta.
Le Portugal, qui a pris les rênes de l’Union le 1er janvier, a immédiatement exprimé sa volonté de relancer le processus de discussion et de le mener à terme. (...)