Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Article 11
Claire Rodier : « La gestion des frontières sert bien d’autres intérêts que ceux qu’elle prétend défendre »
Article mis en ligne le 22 février 2013
dernière modification le 18 février 2013

Auteur de Xénophobie Business, Claire Rodier porte un discours sans concession sur les politiques migratoires européennes et sur leurs fondements. Le nerf de la guerre (aux migrants) ? L’argent, le jeu diplomatique et la manipulation politique. Un cocktail que l’on retrouve à Melilla, forteresse de l’Europe au Maroc (...)

« Le contrôle des frontières est un spectacle rituel », écrit Wendy Brown dans Murs1. « Quand l’échec des efforts de dissuasion met le spectacle en crise, ses auteurs essaient de sauver la face en promettant un show plus grandiose que le précédent. » Un propos que les barrières-frontières de Ceuta et Melilla, enclaves espagnoles en terre marocaine, illustrent parfaitement. À la fin de l’été 2005, des migrants subsahariens qui tentent de franchir l’obstacle sont repoussés dans le sang. Onze morts à Ceuta le 29 septembre 2005. Six à Melilla le 6 octobre. Un crime d’État qui annonce la mise en place de ce « show » sécuritaire décrit par Wendy Brown.

Avant 2005, les villes de Ceuta et Melilla jouissent d’une notoriété médiatique limitée en dehors de l’Espagne. Petites enclaves perdues de l’autre côté de la Méditerranée, elles vivotent loin des projecteurs. La donne change après le massacre. Marocains et Espagnols se renvoient alors la balle et la responsabilité des faits, sur fond de surchauffe médiatique. Dans la foulée, l’État marocain entreprend de vastes rafles sur tout son territoire avant de relâcher des centaines de migrants dans le désert situé à la frontière de l’Algérie2.

Le gouvernement espagnol, lui, réagit différemment : tout en encourageant le Maroc dans son délire sécuritaire, il dépense des dizaines de millions de dollars pour surélever et perfectionner les frontières des deux enclaves. Aux images de migrants sautant le mur, il faut répondre par d’autres images, celles de miradors, de caméras high-tech et de grillages à la hauteur vertigineuse. Mission accomplie. Certes, les migrants passent encore. Mais c’est secondaire... (...)