
Des centaines de policiers israéliens ont extrait de force jeudi des colons retranchés dans la synagogue de la colonie d’Amona en Cisjordanie occupée, épilogue d’un psychodrame qui a poussé le gouvernement à promettre la création d’une nouvelle implantation, la première depuis 25 ans.
Les policiers se sont démenés pendant des heures pour forcer les accès du lieu de prière et achever la vaste opération lancée la veille pour faire partir les 200 à 300 habitants de cette colonie vouée à la démolition sur ordre de la Cour suprême.
Retransmise par les chaînes israéliennes, l’évacuation théâtrale a constitué le point d’orgue d’une bataille de plusieurs années aux lourds enjeux humains, politiques et diplomatiques. (...)
Beaucoup étaient des adolescents venus des colonies environnantes avec la conviction inébranlable que ces terres de Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, sont israéliennes selon la Bible, quoi qu’en disent les juges, les Palestiniens ou la communauté internationale. (...)
La colonisation s’est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens depuis 1967. Mais aucun n’avait officiellement annoncé de nouvelle colonie depuis 1992, avant les accords d’Oslo sur l’autonomie palestinienne, a dit à l’AFP Hagit Ofran, de l’organisation anticolonisation la Paix maintenant. (...)
C’est une "décision très grave", a ajouté Mme Ofran, tout en précisant que le relatif moratoire observé depuis 1992 n’avait pas empêché la colonisation. Soit Israël construisait à l’intérieur de colonies existantes, soit il reconnaissait rétroactivement des colonies dépourvues de son approbation officielle.
Amona, qui était l’une de ces colonies "sauvages", a cristallisé la problématique de la colonisation à un moment charnière. Elle a servi l’agenda du lobby des colons, jusqu’au sein du gouvernement, et inspiré une proposition de loi qui permettrait de reconnaître 55 colonies "sauvages".
Tourmenté par sa droite et par les enquêtes de police, M. Netanyahu s’est engouffré dans l’espace ouvert par l’avènement de Donald Trump, jetant aux orties la relative retenue qu’il était forcé d’observer, selon lui, sous la pression "énorme" de l’administration Obama.
Depuis le 20 janvier, Israël a annoncé la construction de plus de 6.000 logements de colonisation. (...)