
Le lecteur attentif et souhaitons-le, conscient du moment historique qui est le nôtre, comprendra que l’actualité sur Chypre le concerne nécessairement, car ce qui s’y joue, n’est que l’expérience en réel de ce qui demeure programmé à court et moyen terme, s’agissant de la mise à mort des États et des nations, (autant des peuples) autrement que par la guerre classique. Chypre embrassée ainsi par les vagues, et autant par celles de la géopolitique et des mutations métadémocratiques en cours (déjà) en Europe.
En ce deuxième volet dans une série de trois articles que je consacre au simulacre de négociation (comme au fâcheux simulacre de “solution” d’après les medias supposés influents), je me base entre autres aux deux interventions publiques à Athènes (22 et 23 janvier 2017) d’Eleni Theochárous, eurodéputé de Chypre. En 2015, elle quitte le parti du Rassemblement démocrate chypriote (DISY, parti politique conservateur chypriote et membre du Parti populaire européen) et fonde le Mouvement Solidarité.
Les derniers en date, soubresauts dans l’ontologie qui régissent et traversent ces négociations (en cours en Suisse au sujet de Chypre), tentent à imposer une “solution” de type néocolonial, faisant exactement suite au néocolonialisme intra Union Européenne des mémoranda et de la Troïka en Grèce, à Chypre et dans une moindre, et cependant “prometteuse” mesure... ailleurs.
Le contexte historique, déjà suffisamment dépendant d’une certaine forme de décolonisation inachevée vis-à-vis de la Grande Bretagne (et par extension des États-Unis que la diplomatie britannique y a obligatoirement “emmené”), s’y prête hélas de manière évidente. Déjà, de cette “solution” et autant plan supposée en cours de discussion, il y a absence de toute mention (réellement et pratiquement opérationnelle) de la souveraineté populaire. Une... nouveauté apparue ainsi officiellement dans une “Constitution” d’un pays de culture politique occidentale, qui plus est, faisant partie des... démocraties de la dite Union Européenne. (...)
Au moment des... négociations en cours en Suisse actuellement, la Turquie poursuit de manière accélérée la construction de nouvelles bases et infrastructures militaires (ports, aérodromes et autres zones militaires exclusives) dans la partie occupée de la dite “République turque de Chypre du Nord”, ce qui en dit suffisamment long sur les plans réels à peine dissimulés de la, Turquie. À savoir, le contrôle absolu de l’île au moyen d’un régime politique néocolonial, avec l’aimable... participation de la Grande Bretagne, des États-Unis (en tout cas jusqu’à l’arrivée de Donald Trump ?), comme de celle de la dite UE, (Eleni Theochárous, Athènes, le 22 et 23 janvier 2017). Belles... perceptives ! (...)
la Turquie cette fois, exige que l’application des 4 libertés fondamentales qui régissent l’UE, puissent également s’appliquer à Chypre pour ses propres citoyens (de la Turquie) et que ces derniers (citoyens de la Turquie pourtant), puissent également être nommés au sein de la fonction publique du... nouvel État Chypriote fédéré.
Rappelons que ces quatre libertés sont, dans le cadre de l’Union européenne, les libertés garanties par le (funeste) marché unique, à savoir : la libre circulation des biens, des capitaux, des services et des personnes. En somme, la Turquie obtiendrait de cette manière le contrôle total de Chypre, et par ce biais même, via le veto interne, et par extension via le veto externe (de Chypre, pays... membre de l’UE) ; ce pays pourra bloquer et/ou influencer les décisions et les orientations de l’UE qui ne seront pas compatibles avec ses intérêts. La presse allemande, évoque déjà l’affaire comme... une manière de faire entrer la Turquie à l’UE par l’issue de secours, (Eleni Theochárous, Athènes, le 22 et 23 janvier 2017). (...)
Sauf que le temps presse et que les peuples devraient comprendre que ce processus dans l’utilisation d’une minorité en communauté stratégique dans le but de diviser un peuple et de détruire même un État (comme la souveraineté populaire) constitue une menace à peine voilée, qui guette alors les autres peuples, nations et états de la trop vielle UE.
Coup d’État permanent, nous y reviendrons (au troisième et dernier volet de ce travail consacré à l’actualité très européenne de Chypre) pour le lecteur attentif et souhaitons-le, conscient du moment historique qui est le nôtre.
Temps, guère très nouveaux sur Terre. “Sous les spleens insulaires, des petites pluies fines”, comme l’écrivait alors le poète (Jules Laforgue) à sa manière, la géopolitique en plus. Vieilles querelles !