
(...) Nous rentrons dans le cas de figure de français bi-nationaux vivant dans un pays tiers, une des caractéristiques de ma génération parce que les tous premiers à expérimenter les échanges Erasmus. Nous sommes assez nombreux vu le Registre des Français inscrits à l’étranger
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Par notre vie même, nous incarnons l’idée d’intégration européenne mais lorsque les frontières se referment dans des Etats qui redeviennent hyper nationaux, toute la complexité de notre modèle se fait jour. (...)
Même si j’ai mon domicile ici, je ne me sens pas entièrement légitime et l’état d’anxiété ambiant aussi bien dans le village que dans les grands médias n’est pas pour me rendre plus sereine. Tout le monde porte un masque et des gants dans les petits commerces d’alimentation comme au supermarché, où, à l’entrée, on a mis à disposition du gel à base d’alcool pour les mains. Les gens sortent quand même faire leurs courses et même à l’heure du déjeuner, il y avait encore du monde, en tout cas, je n’ai pas eu l’impression d’un endroit déserté. Comme tout le monde j’angoisse, mais ce n’est pas tant le risque de maladie que l’atmosphère devenue répressive qui me pèse. (...)