
Un mouvement de jeunesse, avec ses propres revendications, emboîte le pas des « gilets jaunes », une mobilisation sociale (d’adultes).
C’est un hashtag lancé par un syndicat, l’Union nationale lycéenne (UNL) : la #RevancheLycéenne. Ce lundi 3 décembre, une centaine de lycées étaient bloqués en France.
Une revanche sur... Parcoursup, le système d’admission post-bac mis en place l’année dernière. À l’époque, les lycéens n’ont pas vraiment suivi quand des étudiants se sont mobilisés contre. Sans cet appui décisif dans l’opposition à son projet par les premiers concernés, le gouvernement n’a pas reculé. Les explications sont nombreuses : APB n’avait pas bonne presse depuis que des universités ont procédé à des tirages au sort pour régler le problème du trop grand nombre d’inscriptions dans certaines filières. Parcoursup est donc passé, laissant derrière lui son lot d’insatisfaits. Mais personne n’avait vu venir cette nouvelle mobilisation, au cœur de l’automne, alors même que la prochaine procédure 2019 de préinscription n’est pas entamée (...)
D’autres nouveautés sont venues s’ajouter à l’agenda des enfants des années 2000 : une nouvelle organisation du lycée avec la réforme des filières générales et technologiques et un nouveau baccalauréat, lui aussi réformé par Jean-Michel Blanquer. Les élèves concernés sont aussi les premiers depuis des décennies à connaître une baisse du nombre d’enseignants. Les syndicats du secondaire estiment à 2.600 le nombre de postes en moins alors que les élèves n’ont jamais été aussi nombreux, selon les statistiques de l’Éducation nationale récemment rappelées par Check News. (...)
Ce sont les mêmes (nombreuses) adolescentes et adolescents qui devront effectuer un Service national universel obligatoire, dont la phase pilote commence en juin prochain dans dix départements. (...)
mais le service obligatoire n’était absolument pas réclamé par la jeunesse. Au contraire, il est aujourd’hui franchement contesté par les syndicats lycéens. (...)
C’est la même colère sociale. La colère causée par l’absence d’écoute du gouvernement. Un gouvernement qui ne répond à aucune de nos attentes. Nous étudions dans des classes surchargées, on devrait recruter plus de professeurs mais ce qui ce passe c’est qu’on en supprime. On trie les lycéens, les élèves de banlieues ne peuvent plus accéder aux universités parisiennes, l’accès au supérieur est rendu plus difficile, impossible même pour les élèves de lycées pro, tout cela est injuste. »
Au moment où je lui parle, Louis Boyard est dans la rue, il manifeste et doit s’éloigner de policiers qui se rapprochent de son groupe. Il insiste pour continuer la conversation (...)
Dans un communiqué aux formules parfois approximatives mais très claires et fermes –le syndicat affirme que « les lycéens doivent avoir une part de responsabilité dans cette réforme citoyenne »– les suppressions de postes et le SNU apparaissent comme motifs d’une colère qui s’associe à celle des « gilets jaunes pacifistes », auxquels le syndicat réitère son soutien. Lui-même est à son tour soutenu par le syndicat professionnel SUD éducation :
« SUD éducation appelle l’ensemble des personnels de l’Éducation nationale à se solidariser des lycéen-ne-s mobilisé-e-s et à s’emparer des mots d’ordre portés pour l’abrogation des réformes Blanquer. » (...)
« Le racisme, l’homophobie, la violence envers les symboles de la République sont des choses que nous rejetons profondément » (...)
« la violence est inadmissible mais le gouvernement n’a pas répondu de manière à ce que cela puisse être évité ». Des arguments qu’on a entendus chez des membres des « gilets jaunes » invités sur les plateaux télé comme le dimanche 2 décembre en prime time sur France 2.
Sensibilité aux inégalités (...)
Dans le contexte social actuel, faire des économies sur le dos des élèves risque donc de s’avérer particulièrement explosif : « Les classes sont très réactives sur le thème des inégalités ; quand nous l’abordons, les élèves me parlent spontanément de la suppression de l’ISF ! » (...)
« C’est une première car les lycéens se joignent au mouvement mais en portant leurs propres revendications (...)
Les « gilets jaunes », mouvement divers qui s’illustre par des actions nombreuses et simultanées ainsi qu’une mosaïque d’opinions, sont-ils en train de rendre plus audibles des revendications sans lien les unes avec les autres ? Ces revendications, sans s’agréger, formeraient alors un réseau inédit, une grande constellation de la colère contre Emmanuel Macron et le gouvernement