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Ceta : ratification sous tension au Parlement européen
Article mis en ligne le 15 janvier 2017

Malgré les nombreuses oppositions et craintes exprimées à l’encontre du traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada (Ceta), la Commission européenne souhaite une application provisoire de l’accord, en attendant sa ratification par tous les États membres. Suite au Conseil de l’Union européenne (UE) du 28 octobre dernier, le Ceta a été transmis au Parlement européen. L’approbation de ce dernier à la conclusion de l’accord est en effet nécessaire pour son entrée en vigueur, qu’elle soit provisoire ou non. L’intervention du Parlement européen dans la procédure de conclusion de l’accord pourrait dans un premier temps rassurer les opposants à l’accord, le Parlement européen étant composé de membres élus au suffrage universel direct et le représentant des citoyens de l’UE. Les manœuvres politiques ont toutefois failli empêcher un débat d’avoir lieu, et les parlementaires sont divisés sur la conclusion de l’accord.

Le 28 octobre dernier, le Conseil de l’Union européenne adoptait trois décisions : autorisation de la signature de l’accord ; application provisoire de l’accord pour les domaines relevant de la compétence exclusive de l’Union ; et demande au Parlement européen de se prononcer sur la conclusion de l’accord. Si le Parlement européen refuse, l’accord ne pourra pas entrer en vigueur (voir encadré ci-dessous).
L’absence de débat parlementaire évité de justesse

Comme la plupart des traités de libre-échange conclus ces dernières années, le Ceta va bien au-delà de la simple réduction des barrières tarifaires et non tarifaires au commerce. En effet, ce traité est susceptible d’avoir des effets dans de nombreux domaines, au-delà du seul commerce international : environnement, agriculture, emploi, et santé notamment sont également concernés. Dans ces conditions, les principes démocratiques exigent que ce traité soit discuté aux sein des commissions parlementaires compétentes en ces domaines. Il s’en est fallu de peu pour qu’il n’en soit rien : la Conférence des présidents du Parlement européen du 17 novembre avait en effet décidé que la commission du commerce international serait la seule compétente au fond avant le vote du texte en plénière, probablement en février 2017. Depuis, la commission du commerce international est toujours la seule compétente au fond, mais sous la pression de la société civile, la Conférence des présidents a admis que d’autres commissions pourront lui soumettre leur avis. C’est le cas des commissions des affaires étrangères, de l’emploi et des affaires sociales, et de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire. Il est toutefois surprenant que la commission agriculture et développement rural ne sera pas consultée pour avis, bien que le Ceta suscite de grandes inquiétudes dans le milieu agricole.

Les commissions consultées pour avis sont partagées sur le Ceta. La commission des affaires étrangères, dans son projet d’avis, recommande l’approbation de la proposition du Conseil relative à la conclusion du Ceta [1]. Les membres de la commission des affaires étrangères ne partagent toutefois pas tous le même avis. En témoigne l’amendement au projet d’avis, soumis le 17 novembre, proposant de rejeter la proposition de décision du Conseil [2]. Au sein de la commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire c’est l’inverse qui s’est produit. Dans un projet d’avis sur le projet de décision du Conseil relative à la conclusion du Ceta, Bart Staes, le rapporteur pour avis, invitait la commission du commerce international à recommander le rejet par le Parlement européen du projet de décision du Conseil. Or le 12 janvier, la commission a adopté les amendements apportés par certains de ses membres invitant la commission du commerce international à faire exactement le contraire [3]. Désormais, seule la commission de l’emploi et des affaires sociales exprime sa volonté de rejeter le texte. (...)

Si le Parlement européen approuve la conclusion du Ceta, ce dernier s’appliquera de manière provisoire. Le Ceta étant un accord mixte, son entrée en vigueur définitive nécessite sa ratification par l’ensemble des parlements nationaux et régionaux.
L’application provisoire concernera essentiellement les dispositions relevant de la compétence exclusive de l’UE et ne concernera donc pas, par exemple, la section dédiée à la résolution des différends en matière d’investissements entre investisseurs et États [6]. Mais la politique commerciale commune relevant de la compétence exclusive de l’Union, les dispositions relatives à l’accès au marché seront concernées par l’application provisoire de l’accord. Certains députés européens s’interrogent ainsi sur la menace que représente le Ceta pour les actuelles règles européennes en matière d’importation d’OGM, notamment parce qu’il n’existe pas d’obligation d’étiquetage des OGM au Canada [7].