Au cours de l’histoire, plusieurs peuples ont subi les affres du climat : sécheresses, chute des températures… Des civilisations ont fini par disparaître, faute de pouvoir s’adapter au changement.
Episode 3 : les Rapanuis épuisent l’île de Pâques
(...) Les travaux des archéologues Catherine et Michel Orliac, chercheurs au CNRS, ont pourtant montré que les premiers habitants de l’île, les Rapanuis, y avaient trouvé une forêt tropicale de palmiers géants, d’acacias et de banians.
Pourquoi cette transformation radicale ? Les théories divergent. La plus connue est celle exposée par le géographe et biologiste américain Jared Diamond dans son best-seller Effondrement (2005). Le déboisement de l’île serait lié à la compétition acharnée entre différents clans pour ériger des statues de plus en plus imposantes.
« Une société qui s’autodétruit »
Le roulage des moaï, dont le plus lourd pèse 80 t, jusqu’aux pointes de l’île aurait nécessité d’énormes quantités de troncs. Résultats : une déforestation massive ; de là, un appauvrissement des sols causant de mauvaises récoltes ; puis famines et guerres ; avant le coup de grâce porté par les colonisateurs et par les rafles des navires péruviens en quête d’esclaves. L’effondrement de la civilisation rapanuie, assène Diamond, offre « l’exemple le plus frappant d’une société qui s’autodétruit par la surexploitation de ses propres ressources ».
Un cercle vicieux similaire à celui déjà décrit par Franz Broswimmer, de l’université de Hawaii, dans Une brève histoire de l’extinction en masse des espèces (2003). L’île aurait été victime d’une « double peine » : une explosion démographique (la population aurait atteint 20 000 habitants au xviie siècle) conjuguée à une pratique religieuse poussant à produire des statues toujours plus imposantes (les moaï seraient liés à un culte censé assurer de bonnes récoltes). Les très riches ressources terrestres et marines locales n’y auraient pas résisté. (...)