
Mardi, les médecins libéraux organisent une grève et des manifestations contre une proposition de loi donnant plus d’autonomie aux infirmières de pratique avancée. Ces « IPA » ont pourtant fait la preuve de leur utilité dans de nombreux pays. Trois d’entre elles témoignent.
(...) Ils défileront à Paris devant le Sénat, qui doit examiner le même jour une proposition de loi de la députée Stéphanie Rist (Renaissance), prévoyant de permettre aux patients de se rendre directement « chez ces professionnels sans passer en amont par un médecin ». Le texte veut aussi permettre aux IPA de prescrire certains médicaments pour la première fois, privilège jusque-là réservé aux médecins.
Tous les syndicats de médecins libéraux ont suivi l’appel à manifester du collectif Médecins pour demain, qui s’est constitué sur Internet, au départ pour demander le passage du tarif de consultation de 25 à 50 euros - l’assurance-maladie leur propose une augmentation de 1,50 euro.
L’ordre des médecins, une institution publique censée défendre la déontologie médicale, qui vit des cotisations obligatoires de tous les médecins, se joint même, de manière « inédite », au mouvement social. (...)
Les infirmières de pratique avancée, diplômées à bac + 5 après un master universitaire, exercent une profession née dans les années 1960 aux États-Unis et existant aujourd’hui dans la majorité des systèmes de santé avancés. Elle a prouvé son utilité, notamment pour faire face au vieillissement de la population et au développement des maladies chroniques, et pallier la pénurie de médecins. La montée en compétence des infirmières est aussi intimement liée à la question féministe.
En France, la pratique avancée a officiellement été autorisée en 2016. Mais elle est restée suspendue à un décret paru deux ans plus tard. Les négociations avaient été laborieuses, et les médecins ont obtenu un encadrement strict de la pratique, avec un protocole d’organisation obligatoirement signé par un médecin. Sans médecin volontaire, l’IPA ne peut donc pas pratiquer.
Après de multiples rapports, tous en faveur des IPA, l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) vient d’en publier un nouveau, qui recommande d’étendre les compétences et de rendre plus viable économiquement cette profession.
Trois IPA, deux femmes et un homme, ont accepté de raconter à Mediapart leurs pratiques, leur attente d’une plus grande reconnaissance, y compris financière, et d’une plus grande autonomie. (...)