
Raconter l’incapacité de pouvoir lire et écrire à l’âge adulte à travers un roman, manier les mots avec une parfaite maîtrise pour exprimer justement cette absence de maîtrise auraient pu entraîner de la distance mais il n’en est rien (ou presque).
(...) Cécile Ladjali, sans doute enrichie par son expérience de professeur dans le secondaire, a su, de manière inattendue mais percutante, rendre compte de cette incapacité à pouvoir communiquer, s’épanouir et s’aimer, s’ouvrir aux autres, faute de langage maîtrisé. "Il reste persuadé de demeurer une espèce de calamité vivante".
Au-delà de la langue incontrôlée et même étrangère, c’est aussi l’impossibilité d’être, d’exister réellement qu’elle décrit à travers Léo, son personnage défaillant. Enveloppé de solitude et de honte, de peur, mis à l’écart d’une société qui peut peu pour lui, entre détresse et malaise, ce jeune homme sensible, toujours digne, va tenter alors de réapprendre à lire. (...)