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Ce que le FN peut apprendre du scrutin néerlandais
Article mis en ligne le 16 mars 2017

Longtemps donné en tête par les sondages, le parti populiste, anti-islam et anti-immigration de Geert Wilders arrive en troisième position derrière le Parti libéral de droite (VVD) du Premier ministre Mark Rutte et les chrétiens-démocrates.

Marine Le Pen a eu raison d’être prudente. Avant le scrutin de mercredi aux Pays-Bas, elle avait déclaré ne pas avoir « besoin de la victoire de [son] ami Geert Wilders ». Sous-entendu pour gagner en France. En effet, le signal envoyé par les électeurs néerlandais, qui ont infligé un revers relatif au chef du Parti pour la liberté (PVV), allié du Front national, ne constitue pas l’encouragement que pouvait espérer la présidente du Front national. (...)

Le système politique français avec l’élection présidentielle au suffrage universel et le vote majoritaire à deux tours est aux antipodes du système parlementaire et proportionnel néerlandais. Les extrapolations d’un pays à l’autre sont donc sujettes à caution. Par rapport au Front national, trois enseignements peuvent cependant être tirés.

Le premier est que le succès de l’extrême-droite populiste n’est pas inéluctable. Geert Wilders a eu beau faire la course en tête dans les sondages pendant des semaines, il n’a pas réussi à entraîner derrière lui une majorité d’électeurs. La conjoncture pouvait pourtant lui paraitre favorable. (...)

Le deuxième enseignement, c’est que les sondages peuvent surestimer parfois le poids de l’extrême-droite, contrairement à ce qui se passait jadis en France quand les électeurs frontistes n’osaient pas affirmer leur choix dans les enquêtes d’opinion. La plupart des sondeurs considèrent aujourd’hui que le vote pour Marine Le Pen s’est banalisé et qu’il n’est plus nécessaire de corriger les résultats bruts obtenus. Mais à l’inverse, il est possible qu’au moment de glisser leur bulletin dans l’urne, certains électeurs reviennent vers les partis classiques. (...)

Enfin, troisième enseignement, « l’émergence d’une nouvelle Europe » que la présidente du Front national avait cru constatée lors de la rencontre, fin janvier à Coblence en Allemagne, des dirigeants des partis appartenant au groupe Europe des nations et des libertés au Parlement européen, n’a pas été confirmée par les électeurs néerlandais. (...)

Les élections présidentielles en Autriche, qui ont abouti en décembre 2016 à la défaite, à quelques milliers de voix près, il est vrai, du candidat d’extrême-droite contre un ancien écologiste, avaient déjà montré que le pire n’est pas toujours sûr. Le scrutin des Pays-Bas souligne la difficulté des populistes de franchir un seuil qui les amènerait au pouvoir. Pour Marine Le Pen, ce n’est pas une bonne nouvelle, même si elle ne doit pas conduire à sous-estimer le danger idéologique et politique représentée par la vague nationaliste en Europe. Mais les digues tiennent encore.