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Greek Crisis
Catastrophes... mutationnelles
Article mis en ligne le 18 novembre 2017

De la pluie et du beau temps. Histoires... à finir mouillé. Depuis déjà trois jours, les médias annoncent le “passage sur la Grèce, d’une tempête anormale, porteuse de phénomènes extrêmes, tel un ouragan méditerranéen”. Jargon catastrophe, comme pour en rajouter sur la peur dans l’âme. Puis, vint l’orage, et dans la matinée du 15 novembre sur l’Attique, toute une bande côtière non loin d’Éleusis, dans le grand Ouest athénien qui se transforme en déversoir de la boue et des eaux... fuyant la montagne proche et balayant tout sur leur passage. Bilan : 16 morts et 4 disparus. Catastrophe dite “naturelle”.

(...) Les medias se sont aussitôt adonnés à une entreprise de dramatisation à outrance, les reportages radiophoniques et télévisés passaient en boucle les scènes (et les sons) de la “catastrophe”, les cries, les larmes, la colère des femmes et des hommes.

Les premières photos des victimes ont été repérées et ainsi rajoutées au montage des vidéos et des reportages. Êtres souriants à l’humanité guillerette, et parfois rajoutée pour les besoins ardus de l’iconographie... des réseaux sociaux, ainsi récupérée et rattrapée pour une seule et ultime fois par “l’actualité”. Pauvres gens, riches souvenirs... au numérique post mortem. (...)

Les données fournies choquent, comme elles provoquent autant de la colère. Dimitris Papanikoláou a conclu que “les preuves sont disponibles pour établir les responsabilités des uns ou des autres, et ce qui doit être fait, devient clair pour tous ceux qui désirent alors voir. Il y a eu enfin d’autres inondations, celle de 1996 avait fait deux victimes au même endroit. La nature nous avait ainsi mis en garde devant ce qui est arrivé finalement hier à Mégara et à Mandra, et sur cette partie nord de l’autoroute, à 1-2 km de Mandra. Car le problème en amont, il se situe exactement en ces lieux.”

“Les ruisseaux et les canaux évacuant l’eau depuis le mont Pateras, ont tout simplement cessé d’exister, et ceci en moins de vingt ans. Et c’est de la pure intervention... anthropogénique. Certaines personnes qui possédaient alors des terres à l’est du ruisseau et près de l’autoroute, à l’époque c’était la route nationale, ils ont tout... empli et vendu sous forme de terrains devenus ainsi constructibles. Des entreprises s’y sont installées, et l’affaire la plus tragique, c’est que même la municipalité a participé à ce processus effarant en y bâtissant ses propres entrepôts.”, (médias grecs du 15 et 16 novembre 2017) (...)

Le problème est politique, moral, civilisationnel, et les apories augmentées, par exemple ce ‘chacun pour soi’ (et la pluie pour tous), l’ont définitivement aggravé. Depuis que notre univers crisique a imposé la... grande mutation des modes de chauffage, surtout via la quasi-généralisation du chauffage au bois, de bien nombreuses pentes ont été impitoyablement dégarnies de leurs arbres et arbustes. Tel fut le cas du Mont Pateras, depuis près de cinq ans, et encore cette année, entre août et novembre, en attendant le... grand froid.

“Nous vérifions alors chaque jour, cette part de nous-mêmes, celle qui a peur ou qui ne réfléchit plus, et qui vise avant tout, le profit personnel,” avait déclaré le compositeur Mános Hadjidákis lors d’une interview accordée en 1993, quelques mois seulement avant sa disparition physique. C’est toujours vrai, encore plus vrai qu’en 1993, et la situation crisique grecque, n’aura en rien amélioré les attitudes humaines. Question d’ethos peut-être, et qui n’est pas comme on sait... de la toute dernière pluie chez l’Homme. (...)

Beau pays, asséché de ses ressources morales, humaines, économiques... ainsi inondé (...)

Les Tsiprosaures viennent de décréter le deuil national, en attendant, la pseudo-commémoration (celle des officiels), de la révolte de l’École Polytechnique (17 novembre 1973). Des individus (venus en partie des quatre coins de l’Europe) se réclamant de l’anarchisme, occupent (en partie) les lieux, le bâtiment historique de l’École Polytechnique est... très historiquement saccagé (cette situation dure depuis près de trois décennies), le nihilisme triomphe, d’en bas comme d’en haut, avec en prime nos dernières pluies. Ambiance très tendue donc à Athènes en ce moment.

Ainsi, et surtout, le licenciement de la journaliste Panagióta Bitsika peut passer presque inaperçu... actualité oblige. Elle travaillait pour le journal “To Víma” depuis plus de 20 ans, et ce journal (avec l’ensemble du groupe de presse DOL) vient de passer sous le contrôle de Marinákis, armateur, magnat de la presse et cogérant de l’équipe d’Olympiakós du Pirée. La nouvelle direction impose de bien... nouveaux et novateurs contrats de travail. “Vous les signez, ou sinon, c’est la porte”, voilà ce qu’a été expressément imposé aux salariés (essentiellement journalistes).

En somme, ces nouveaux contrats de “travail”, imposent aux journalistes le statut de... l’équiper polyvalent, leur spécialisation, ainsi que la description précise de leur tâche ne sont plus mentionnées. Les journalistes devront aussi accepter de travailler pour l’ensemble des journaux du nouveau groupe (DOL et Marinákis réunis), d’après les besoins de l’entreprise. Et à part la baisse de leurs rémunérations, ces “journalistes” du troisième millénaire... bien suranné après Hérodote, devront signer un document déchargeant leur patron de toute responsabilité pénale, en cas de poursuites, en rapport aux textes que les journalistes auront publié aux quotidiens du groupe (...)

les patrons viennent d’imposer simultanément la baisse des salaires de 30% à 50%. “Vous acceptez, ou sinon c’est la porte”.

Mon ami est désormais certain : “Le journalisme est mort (...)