
Le gouvernement espagnol se réunit en urgence mercredi pour décider d’une réponse à la signature par les dirigeants indépendantistes en Catalogne d’une très redoutée déclaration d’indépendance unilatérale, signée mais "suspendue" dans l’attente d’un dialogue avec Madrid.
Le Conseil des ministres, présidé par le conservateur Mariano Rajoy, prévu à 09H00 (07H00 GMT), décidera quelles mesures prendre au lendemain d’une séance parlementaire confuse au parlement catalan.
Face aux pressions de toutes parts, y compris européennes, le président séparatiste de la région, Carles Puigdemont, a promis de transformer la Catalogne en "République" indépendante, tout en défendant une suspension du processus pour trouver une "solution négociée" avec Madrid.
Il a estimé que sa région vivait un "moment historique", s’appuyant sur la victoire du "oui" à l’indépendance à 90,19% des voix, lors du référendum d’autodétermination —interdit et contesté— du 1er octobre.
Ce scrutin, invérifiable faute de commission électorale, a ouvert la crise politique la plus grave en Espagne depuis son retour à la démocratie en 1977, divisant aussi profondément les habitants cette région riche où vivent 16% des Espagnols.
En vertu des résultats, M. Puigdemont a estimé que la Catalogne devait désormais "devenir un Etat indépendant sous forme de République".
Les applaudissements ont fusé dans son camp, tandis qu’à l’extérieur, des indépendantistes venus écouter le discours sur un écran géant s’étreignaient.
Mais, quelques minutes plus tard, il a proposé au Parlement de suspendre "les effets de la déclaration d’indépendance (...) afin d’entamer un dialogue, sans lequel il est impossible de parvenir à une solution négociée".
Une nouvelle douche froide a suivi pour ceux qui espéraient l’apaisement : l’annonce de la signature, en dehors de l’hémicycle, d’une "déclaration d’indépendance" par tous les élus indépendantistes, majoritaires.
"Nous constituons la République catalane comme Etat indépendant et souverain, de droit, démocratique et social", lit-on dans ce texte.
"Mais le président la suspend en appelant au dialogue", a tenu à compléter un porte-parole du gouvernement catalan, interrogé par l’AFP.
Piège ou main tendue ? (...)
Les Catalans, divisés presque à parts égales sur l’indépendance, souhaitent en majorité un référendum en bonne et due forme.
Jusqu’à la dernière minute, Madrid a exhorté le leader séparatiste à ne pas prendre de décision "irréversible".
Selon une source du gouvernement régional catalan, juste avant l’ouverture de la séance parlementaire, Carles Puigdemont a reçu un ou des appels de l’étranger qui l’ont amené à repousser son allocution, voire à la modifier.
L’Union européenne, déjà secouée par le Brexit, suit la crise avec inquiétude. (...)