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Greek crisis
Carnet de notes d’un anthropologue en Grèce : L’année enfumée
Article mis en ligne le 30 décembre 2012

En ces dernières nuits de 2012, l’année bi-mémorandaire part littéralement en fumée. La presse faisait même sa une hier vendredi (28/12) sur cette épaisse fumée qui rend l’air si irrespirable depuis un mois, on ne bascule pas impunément en effet, vers la civilisation du bois (de chauffage). Et nous regrettons souvent d’avoir ouvert si ce n’est que brièvement nos fenêtres, car la fumée s’infiltre aussitôt dans nos appartements. De ce point de vue, à Athènes comme en Thessalie par exemple, c’est du pareil au même.

(...) Arrivé ainsi de nuit à Athènes, j’ai pu observer le smog de la capitale et surtout, le sentir. Certains voyageurs en avaient déjà fait d’ailleurs un grand sujet de conversation : « Avez-vous vu ce nuage, c’est le retour au temps de nos grands parents… ». « Ah…. Non, vous ne pouvez pas dire que c’est la faute à Samaras, ensuite, Tsipras ne résoudra pas la situation par une sorte de miracle ». Mais c’était pratiquement la seule discussion entre voyageurs, par fatigue peut-être ou à cause des fêtes. Seulement voilà, un homme accroché à son téléphone mobile entre Thèbes et Athènes, haussa durant un instant le ton de sa voix : « Tous les économistes le disent, la belle époque c’était entre 1952 et 1972, depuis c’était la préparation de la fin et en ce moment le début de la fin ». (...)

Dans les montagnes entre la Thessalie et l’Epire il y avait ces derniers jours un semblant de monde qui visite encore les lieux. Parmi eux, on distingue d’abord les visiteurs locaux qui depuis les villes proches de Karditsa ou de Trikala ont emprunté les routes de montagne, maintenant que le temps est redevenu clément, c’est-à-dire ensoleillé et surtout sans nouvelle neige. Viennent ensuite les vacanciers athéniens ou autres, venus comme de l’ancien temps en escapade hivernale. Il s’agit de ces sujets de la Baronnie encore économiquement vivants et fiers de l’être. Ils occupent entre la moitié et les deux tiers des tables dans les cafés et bien davantage de place sur les parkings car leurs voitures sont parmi les plus imposantes. Pour le reste, la clientèle est composée des déclassés sociaux ou en voie de le devenir. La fracture sociologique passe alors parfois entre deux tables et huit chaises jusque les salles des cafés typés, chauffés au bois, en somme une ancienne attraction exotique pour les (péri)citadins et qui n’impressionne plus grand monde. (...)

les déclassés nouveaux supportent de moins en moins les rescapés provisoires du naufrage. Et encore, il ne s’agit pas de ces gens qui figureraient apparemment sur la « liste Lagarde » qui dans sa dernière version authentique provoque déjà la tempête dans un verre d’eau… lourde. Cette liste « nous » serait parait-il parvenue « escortée » de deux agents des services secrets français et grecs si l’on croit notre hebdomadaire satyrique To Pontiki (27/12), avant d’être transmise au parquet d’Athènes. La suite, assez prévisible, est d’ailleurs racontée de manière assez aseptisée par le « grand quotidien du soir » : « L’affaire de la liste dite "Lagarde" d’exilés fiscaux en Suisse, qui agite la Grèce depuis des mois, a rebondi vendredi 28 décembre avec la révélation du fait qu’en avaient été rayés les noms de proches d’un ex-ministre.

A l’issue d’une journée marquée par des fuites judiciaires et politiques, le parti socialiste, le Pasok, partenaire de l’alliance gouvernementale droite-gauche au pouvoir, a directement mis en cause l’ex-ministre socialiste des finances Georges Papaconstantinou, artisan du premier plan de rigueur dicté par l’Union européenne et le FMI.
(...)