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Greek Crisis
Carême
Article mis en ligne le 23 février 2015

Carnaval sous la pluie en bord de mer. La bourgade et sa municipalité avaient fait preuve d’inventivité et de courage pour parachever ce moment de dérision. Temps supposé festif sous une actualité... dérisoire. Toute cette Grèce du moment et d’en bas étant alors présente, au-delà des illusions, de plein pied dans le sarcasme. La “pendaison” de la troïka a ainsi clos le défilé carnavalesque, cette dernière étant représentée par une figure portant un masque intentionnellement anonyme, mais renvoyant vaguement... au visage d’Angela Merkel.

La veille, l’allocution du Premier ministre Alexis Tsípras, sa tentative à (se) persuader “de la nouvelle orientation sociale de son gouvernement” à la télévision, était à peine suivie dans un café, sauf que personne dans la salle n’a ironisé ni critiqué ces propos, comme c’était alors de coutume du temps des discours du lugubre Antonis Samarás. Les Grecs attristés... demeurent attentistes pour l’instant.

Dans une taverne du coin quelques heures plus tard, c’est dans un ton alors très grave que frères et cousins retrouvés pour l’occasion, étaient d’accord pour dire que “la situation est certes grave et triste depuis l’Eurogroupe du vendredi” (20 février), mais enfin, “rien n’est définitif, durant ces quatre mois tout peut arriver, et d’ailleurs, nous connaissons désormais le vrai visage de cette saloperie nommée Union européenne. De toute manière, personne n’osera dire que le gouvernement SYRIZA/ANEL n’a pas livré bataille”. (...)

Étranges moments furtifs d’une historicité accablante et galopante. Les Grecs observent aussi que pour la première fois après tant de décennies, leurs élus... très fraichement élus, ont du mal à mentir, la tonalité, le timbre de leurs voix, le langage des corps, tout trahit ce dépit, le même finalement que le leur. Le contraste est si évident, lorsqu’on se souvient de l’agressivité et des fanfaronnades si bien assumées par les Samarás - Venizélos, à chaque fois que l’échine était courbée devant les maîtres de l’absolutisme européiste.

Ainsi l’Alexis Tsípras du 21 février avait du mal à convaincre, sans pour autant se ridiculiser. Cependant le temps freiné... presse, tandis que mes échos depuis le SYRIZA très interne, trahissent cette énorme colère... à canaliser ou à transformer en tournant politique, c’est selon. Moins emblématique et cela publiquement, Manólis Glézos, résistant par tout temps, a très vivement critiqué la... pliure de la Gauche radicale. “Nous avons un immense respect pour Manólis Glézos, sauf qu’il n’avait pas à s’exprimer de la sorte en ce moment”, telle fut la réponse de SYRIZA... d’en haut (23 février). (...)

De retour du Péloponnèse et de la presqu’ile de Méthana, nous avons emprunté la vieille nationale, histoire d’éviter les péages... et éventuellement les néonazis. Dans l’autre sens il y a deux jours, les adeptes de l’Aube dorée avaient... pacifiquement investi les premiers postes de péage en sortant d’Athènes. Ni cris, ni slogans, ni agressivité. Drapeaux néonazis, tractage et sourires... figés que les automobilistes avaient vraiment du mal à rendre. Une première opération... de terrain, “pour faire apparaître la seule vérité grecque, maintenant que les masques tombent”, voilà en somme pour l’argumentaire et... pour les péages. (...)

L’argumentaire du gouvernement insiste sur le rejet des mesures annoncées par... le gouvernement précédent. “La TVA n’augmentera pas, ni les autres taxes etc.”. Sauf que les reformes de gauche, c’est à dire de bon sens, semblent être stoppées par la même occasion durant ces quatre mois en tout cas. “Un mémorandum délavé... sous la pluie. Pourtant, le carnaval vient de se terminer” répondit alors Yannis. “Mais passons à l’essentiel ! Tarama, salade verte et du calamar frit avec deux verres d’ouzo. C’est tout”. Fin du carnaval. Lundi... pur et ensuite, carême. (...)