
L’activiste pour le climat Camille Etienne est l’invitée du Grand Entretien de 8h20 pour son livre "Pour un soulèvement écologique" (Seuil). Figure pour beaucoup de la "génération climat", elle refuse cette appellation qui selon elle crée un conflit de générations sur une préoccupation universelle.
Dans ce livre, Camille Etienne parle d’impuissance collective face au réchauffement climatique. "C’est en rien une urgence de la prise de conscience, on n’en est plus là" assure l’activiste. "L’impuissance est orchestrée, elle est choisie. Je parle d’impuissance parce que l’on est nombreux à imaginer être passager d’une voiture et regarder comme ça le paysage défiler comme si on était condamné à ce que la chose publique nous échappe. Et je crois qu’il est urgent de réaliser que notre apathie elle arrange l’ordre établie."
"Aujourd’hui, il est difficile, impossible, d’être écolo en société"
Camille Etienne insiste, la prise de conscience a bien eu lieu mais les citoyens sont impuissant à agir "parce que l’on empêche un soulèvement, on écrase un soulèvement." "Ceux qui sont en position de puissance aujourd’hui, qui ont les mains sur le gouvernail, ils font ce choix de l’impuissance, ils se cachent derrière l’impuissance. Ils s’assurent que nous ne dépassions pas la notre."
"Aujourd’hui il est difficile, impossible d’être écolo en société parce que les structures qui sous tendent cette société ne le permettent pas" assure Camille Etienne. Et elle donne des exemples. "Quand on habite en banlieue, consommer en circuit court avec des agriculteurs, ce n’est pas facile. Quand on habite en montagne, ne pas utiliser sa voiture ce n’est pas facile."
"On ne sauvera pas le monde avec des tote bags"
Le temps presse rappelle l’activiste. " (...)
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– (Le Monde)
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Dans ce texte, elle retrace son parcours, depuis son enfance sportive à Peisey-Nancroix, un hameau de Savoie, jusque sur les bancs de « l’école du pouvoir », rue Saint-Guillaume à Paris. Elle livre ses quelques déconvenues sur les plateaux télé face à des climatosceptiques ou des journalistes qui lui demandent de ne pas être trop « anxiogène ». Elle y raconte aussi son engagement contre le projet Eacop en Ouganda et en Tanzanie ou l’exploitation des fonds marins par des compagnies minières. Et aspire de toutes ses forces à un soulèvement collectif, attentive à « l’électricité qu’il y a dans l’air avant l’orage ». (...)