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Café : la success story qui cache la crise
Article mis en ligne le 18 octobre 2018
dernière modification le 16 octobre 2018

A l’occasion de la journée mondiale du café le lundi 1er octobre, le Bureau d’Analyse Sociétale pour une Information Citoyenne (BASIC), a publié une nouvelle étude intitulée "Café : la success story qui cache la crise".

Ce rapport réalisé pour Commerce Equitable France, Max Havelaar France et le Collectif "Repenser les filières", revient sur la situation paradoxale du café.

Depuis 20 ans, la création de valeur a explosé pour les marques grâce à la création de nouveaux formats (dosettes, capsules) et au marketing. En vis-à-vis, les producteurs voient leurs revenus baisser alors qu’ils sont désormais confrontés aux impacts négatifs du changement climatique dans leurs parcelles.

Une situation qui questionne fortement la durabilité de la filière dans les années à venir. 3 pays ont été étudiés en détail : Pérou, Colombie, Ethiopie, pour voir dans quelle mesure les démarches alternatives (durables, équitables etc…) pouvaient, ou pas, apporter des réponses aux enjeux actuels de la filière. (...)

JOURNÉE INTERNATIONALE DU CAFÉ : LES PRODUCTEURS BOIVENT LA TASSE

Le café à la côte, revigoré par les dosettes et autres capsules individuelles. Les Français en consomment 5,4 kg par an, boostant ainsi les ventes. Mais cette explosion de la création de valeur reste concentrée autour des trois grands acteurs du secteur que sont Nestlé, JDE et Lavazza. Les producteurs, eux, sont toujours aussi mal lotis, selon une nouvelle étude publiée ce 1er octobre, à l’occasion de la journée internationale du café. (...)

Alors que la création de valeur a explosé, avec 1,8 milliard d’euros supplémentaires de ventes annuelles de café en France, "le revenu capté par les pays de production est passé de 24 % de la valeur au milieu des années 1990 à 16 % en 2017", souligne une nouvelle étude diffusée par Max Havelaar, Commerce équitable France et le collectif Repenser les filières. En bref, les revenus générés ne ruissellent pas jusqu’aux producteurs et sont concentrés autour des trois premiers acteurs du café en France à savoir Nestlé, JDE et Lavazza.

Des revenus en baisse de 20 % pour les producteurs péruviens et éthiopiens

"C’est vraiment choquant de voir que la création de valeur réalisée sur notre travail, notre production, n’arrive pas jusqu’à nous", s’insurge Merling Preza, productrice de café au Nicaragua. "Il faut un engagement des industriels, des consommateurs et des pays développés pour que nous puissions vivre dignement. Il est clair qu’il peut y avoir une meilleure redistribution de la valeur", abonde la directrice de la coopérative Prodecoop représentant des milliers de producteurs latino-américains.

Il faut dire que la situation est alarmante : le sac de 45 kg vient de passer sous le seuil symbolique de 100 dollars. Un cours, bien en dessous des coûts de production, alerte la coopérative Ethiquable dans une nouvelle étude. Pour atteindre le seuil de survie, il faudrait accéder à un prix de 135 dollars.

"Concentration croissante et indécente de la richesse et du pouvoir" (...)

La situation est telle que certains producteurs latino-américains refusent même de vendre leurs produits. Les producteurs subissent des chutes régulières des cours mondiaux de café, deuxième marché le plus volatile derrière le pétrole. Résultat, les prix de septembre 2018 sont similaires à ceux d’il y a 15 ans, en pleine crise. Les producteurs péruviens et éthiopiens ont même touché en 2017 un revenu 20 % plus faible qu’il y a 12 ans (...)

Le commerce équitable, l’exemple à suivre

Pour y remédier, plusieurs leviers sont à actionner. D’abord suivre l’exemple du commerce équitable qui propose un filet de sécurité avec un prix minimum et une prime collective aux producteurs. Ensuite, les associations demandent un encadrement des rapports de force. C’est d’ailleurs l’objet d’une des mesures de la loi agriculture et alimentation qui va bientôt être adoptée.

Elle prévoit que les industriels et distributeurs partent du coût de production pour construire leur prix et non l’inverse. Mais elle ne concerne que les producteurs français. De manière plus globale, les producteurs et associations poussent les grands groupes à appliquer d’urgence le devoir de vigilance en garantissant des revenus décents aux producteurs.