
Le 24 mars 2017
Hier, le gouvernement brésilien imposait à JBS, plus grand producteur de viande au monde, une amende de plus de 24 millions de Réals (soit plus de 6 millions d’euros) pour avoir acheté du bétail issu de zones illégalement déforestées en Amazonie. Greenpeace a immédiatement décidé de suspendre les négociations en cours avec cette entreprise.
Ces négociations ont eu lieu dans le cadre d’un accord, le Cattle Agreement, signé en 2009 par les grands abattoirs bovins après la campagne de Greenpeace. Parmi les signataires, des géants brésiliens de l’agro-industrie comme JBS, Marfrig et Minerva, représentant à eux seuls environ 70% du secteur en Amazonie. Le Cattle Agreement a joué un rôle important pour accélérer la régularisation et la baisse de la déforestation dans les exploitations fournissant directement les abattoirs impliqués.
Par cet accord, les abattoirs et entreprises d’exportation s’engageaient à respecter des critères minimaux, dont le suivant : ne pas acheter d’animaux venant de terres issues d’une déforestation de l’Amazonie. L’objectif est simple : que les conditionneurs de viande se penchent sérieusement sur l’origine de leurs produits et sur les pratiques sociales et environnementales des fermes qui les approvisionnent.
Cette semaine, suite à son opération “Viande froide” ou “Carne fria”, aboutissement d’une enquête débutée il y a 3 ans, l’Agence brésilienne de protection de l’environnement a mis deux entrepôts frigorifiques de JBS situés dans l’Etat du Pará sous embargo. Cette opération a été rendue publique à peine une semaine après le scandale international qui révélait l’existence de corruption et de brèches préoccupantes dans le système de contrôle sanitaire brésilien.
Pour Greenpeace, les accusations qui pèsent sur JBS sont extrêmement sérieuses. Largement suffisantes en tout cas pour suspendre les négociations en cours avec l’entreprise jusqu’à ce qu’elle soit capable de prouver que la viande qu’elle commercialise n’est pas issue de la déforestation, du travail forcé et de conflits relatifs à des territoires indigènes ou des zones protégées. (...)
Les pratiques illégales révélées par l’Agence brésilienne de protection de l’environnement montrent de façon flagrante que JBS n’a pas tenu ses engagements. Greenpeace continuera à dialoguer avec Minera et Mafrig, autres signataires de l’accord. Les entreprises du secteur doivent absolument respecter ces engagements : s’ils sont correctement mis en œuvre, ils permettront de lutter contre la déforestation mais aussi contre les conditions de travail proches de l’esclavage et l’invasion des territoires de communautés autochtones au Brésil. (...)
Scandale après scandale, le fond du problème reste le même : l’industrialisation de la viande a des conséquences désastreuses sur l’environnement et pose des risques sanitaires qui remettent en question l’ensemble du système de production. Il est urgent que nous réduisions cette consommation : il nous faut manger moins de viande, et mieux.