
L’actrice et réalisatrice d’origine iranienne Maryam Zaree vit aujourd’hui à Berlin. Depuis qu’elle a appris qu’elle est née dans la prison iranienne d’Evin, elle tente de comprendre le silence de ses parents et son passé migratoire. Elle a réalisé un documentaire qui retrace cette quête de vérité.
Maryam Zaree n’a que deux ans quand elle arrive à Francfort, un soir de Noël en 1985, dans les bras de sa mère Nargess Eskandari. Elles ont réussi à fuir l’Iran, où Nargess était détenue comme prisonnière politique dans la tristement célèbre prison d’Evin. Si elle a été libérée, ce n’est pas le cas de son mari Kasra, qui devra patienter 7 ans de plus avant d’être relâché et de réussir à rejoindre l’Europe.
Maryam passe ainsi son enfance avec sa tante et sa cousine à Paris, sans savoir où se trouve son père et sans connaître la raison de son absence.
Elle le rencontre finalement pour la première fois en Allemagne à l’âge de dix ans. (...)
allemande 4 Blocks, qui raconte l’histoire d’une bande de trafiquants de drogue au Moyen-Orient.
"Je me sens chez moi en Allemagne et je suis très reconnaissante pour le droit d’asile qui a été mis en place dans les années 80", explique-t-elle a InfoMigrants. "Je me sers de la liberté d’expression et de la liberté de parole que nous avons ici pour m’exprimer. Je veux confronter les gens à l’idée que l’Allemagne a une diversité, que des Allemands qui ne sont pas blancs de peau sont aussi des Allemands", a-t-elle expliqué lors de la projection de "Born in Evin" (Née à Evin), son premier film en tant que réalisatrice, au Festival du film des droits de l’homme à Berlin. (...)
C’est par sa tante à Paris que Maryam, encore adolescente, apprend qu’elle est née dans la prison d’Evin. La nouvelle arrive comme un coup de massue. Sa mère Nargess n’y avait jamais fait allusion et soigneusement gardé le secret. Elle avait pris l’habitude de répondre de façon vague aux questions de sa fille. (...)
Des années plus tard, lorsque Maryam apprend cette histoire, les questions sont nombreuses : est-ce que sa mère a été torturée ? Avait-elle peur pour la survie de son bébé ? Comment ses parents ont-ils réussi à sortir de prison ? (...)
"J’ai fait de la psychanalyse, j’ai dû gérer cela moi-même", explique Maryam sur le silence de sa mère. "L’une des choses que j’ai apprise est que la génération de nos parents qui a vécu la persécution, la déshumanisation et l’injustice ont tout les droits du monde de gérer leurs expériences à leur manière."
Dans le même temps, tout en respectant le silence de sa mère sur leur histoire familiale, Maryam estime qu’elle a le devoir en tant qu’enfant de survivant et elle même survivante, de rendre compte des atrocités qui ont eu lieu. (...)
Pour Maryam Zaree, l’enjeu du film est d’aller au-delà du contexte politique actuel en Iran et de mettre le projecteur sur ceux qui sont dans le déni des atrocités qui ont été commises, que ce soit en Iran, dans l’Allemagne nazie ou en Mer Méditerranée.
"Quand nous disons que des personnes meurent noyées en Méditerranée, on ne se laisse plus toucher par ces informations. Mais nous devrions vraiment faire de la place dans nos coeurs pour se rendre compte de ce que la perte de la dignité humaine et des droits de l’homme veulent vraiment dire."