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Des nouvelles de la vallée de la Roya
/Emmaus Roya
Article mis en ligne le 11 octobre 2020

Bonjour à toutes et tous,

Nos excuses pour le manque de nouvelles mais vous imaginez bien que nous sommes débordés par les urgences, autant qu’handicapés par certaines contraintes techniques...
Humainement, tout le monde va relativement bien, chacun apprend à vivre le traumatisme et à en gérer les symptômes. Nous avons proposé aux compagnes et compagnons un relogement mais ils ont choisi de rester pour continuer à faire vivre le projet, à remettre en état leur lieu de vie mais aussi à participer à reconstruire la vallée.

Les poules vont bien également. N’ayant plus d’électricité pour les clôtures, elles en ont profité pour se balader. Sûrement quelques unes ont quitté la communauté, ivres d’aventures, sac à dos remplis de vivres pour aller explorer l’au-delà de nos parcelles.

Au village, le nettoyage a bien avancé, ce qui nous a permis de nous rapprocher par la route au plus près de la communauté. Grâce à une équipe bénévoles heureux propriétaires de camions, nous avons pu acheminer du grain ce mardi. Besoin urgent comblé en empruntant des outils de traction et des chemins alternatifs à ceux habituels.
Utilisant les mêmes détours et astuces, nous avons pu sortir de la communauté une quantité relative d’oeufs que nous avons offerts aux locaux ou livrés aux commerces habituels. Nous continuerons à partager la production entre ces deux objectifs ; participer à la solidarité qui s’est mise en place entre sinistrés, voisins, amis, visages familiers, détracteurs ; et maintenir un semblant d’activité économique pour atténuer au mieux les conséquences à long terme de la catastrophe sur la viabilité du projet.

Nous n’avons pas le temps de nous ennuyer, tellement d’urgences à gérer et de solutions à imaginer. Nous sommes très actifs et chacun, compagnes, compagnons, bénévoles, administratrices, administrateurs, salariée, salarié, éprouve ce besoin de s’activer pour aller de l’avant et ne pas laisser place, même une minute, aux pensées négatives qui s’agitent pourtant en nous.

Les véhicules ont ensuite été sauvés. Prenant des risques considérés, nous avons pu les acheminer jusqu’à les faire rejoindre la portion de route sécurisée et quasi-connectée au monde. Nous avons fait le choix de déblayer, creuser etc. pour gagner de précieux centimètres de plat pratiquable afin de les sortir avant que le peu de chemin qu’il reste ne s’écroule définitivement. Déterrer, déblayer, creuser, déterrer, déblayer, creuser encore et toujours pour s’assurer des accès pédestres sécurisés car la route quasi effondrée qui mène en bas de la communauté n’est pas prête d’être remise en état...

Le réseau est revenu mardi, l’électricité jeudi soir et nous avons un accès modeste et délicat à l’eau. Tout ce faste et ce luxe soudains ont participé à remettre du beaume au coeur aux habitants de la communauté.

Un géologue spécialiste de la question de la géomorphie des cours d’eau a rendu conclusion qu’il n’existe pas en France catastrophe similaire avec des conséquences aussi importantes et sur un aussi long terme. D’après ses recherches, un seul cas comparable en Catalogne en 1945 .

Cette semaine fut consacrée à déployer nos efforts pour retrouver un semblant de fonctionnement quotidien. Nous avons également commencé à participer à l’éffort collectif au-delà de la communauté et nous allons mutliplier nos efforts dans ce sens. Qu’il s’agisse des habitants de Breil et de la vallée, comme des exilés coincés à Vintimille qui n’ont accès à rien que le bitume d’une ville qui a pris l’eau. Que personne n’oublie qu’ils n’ont nulle part où dormir, qu’ils ont subi la même catastrophe de plein fouet, qu’ils y ont sûrement perdu des amis mais que la seule réponse des autorités françaises est de les empêcher de rejoindre ne serait-ce qu’un morceau de bitume sec de l’autre côté de la frontière.

Concernant la vallée, il va sûrement falloir des années pour reconstruire les infrastructures, les maisons, les commerces, les quotidiens. Il va falloir y déployer des moyens collossaux, une solidarité et un élan de vie considérables. Il va falloir mettre de côté nos petits différends et honnorer chaque jour notre Humanité par une solidarité sans concession. Nous ferons tout pour que notre projet se relève mais aussi pour participer aux efforts de revitalisation de ce territoire que nous chérissons. Nous ne sommes pas les plus à plaindre et nous le savons.

N’oubliez pas la vallée, n’oubliez pas ces habitants, n’oubliez pas vos utopies et vos merveilleux idéaux car nous aurons besoin de vos soutiens encore longtemps.

Un grand merci aux solidaires en tous genres, aux génies qui ont bricolé des ponts de toutes sortes entre sinistrés, au maire et à son équipe qui ont à gérer - au détriment de leurs besoins personnels - un colosse de monstruosités qu’aucune campagne électorale n’envisage. Merci à tous les sécouristes, unités d’intervention qui s’acharnent à rendre la situation viable au plus vite.

Un grand merci à Emmaüs France et aux communautés comme celle de Saint André - nos parrains - qui sont d’une réactivité et d’une générosité sans pareil. Nous sommes vraiment bien entourés et l’on ne s’est pas trompé de mouvement. Emmaüs est notre grande famille et redouble d’énergie pour nous accompagner au mieux.

Dernière information : s’il vous plait, suivez les instructions officielles. Ne montez pas à l’improviste même poussé par un élan sincère de générosité et de solidarité. Coordonnez vos actions avec les acteurs quotidiens qui sauront vous dire quand et pourquoi vous rendre utiles. Il y a de réels besoins, mais pas partout et à tout prix. Encore une fois, il y aura encore des nécessités à participer dans quelques temps. Faites partie d’un mouvement homogène, efficace et pérenne où chacun aura possibilité de démontrer un soutien indéféctible aux sinistrés.

Un grand merci à tous et restez combatifs, créatifs et solidaires de toutes et tous. Nous le resterons également.

Soutien à tous les sinistrés.