
Le cœur de la réforme européenne en cours consiste à laisser à chaque Etat le choix de la répartition des deniers sur son territoire, sans réel contrôle, bien loin de l’esprit du projet lancé en 1962, déplorent, dans une tribune au « Monde », l’eurodéputé Vert et le candidat écologiste à l’élection présidentielle.
Tribune. La politique agricole commune (PAC) est l’un des piliers fondateurs de l’Union européenne (UE). Depuis sa création, en 1962, celle qui est encore la seule politique intégrée européenne a permis de nourrir des millions d’Européennes et d’Européens. Ce faisant, elle a été l’un des principaux vecteurs de rapprochement entre nos peuples, moins de vingt ans après la fin de la seconde guerre mondiale. Cela mérite d’être salué. Et ce d’autant plus que la PAC est désormais un monument en péril.
Hier instrument de transformation et de régulation de l’agriculture européenne, ce tiers du budget communautaire n’est plus aujourd’hui qu’un guichet au service de ses plus gros acteurs. 20 % d’entre eux accaparent 80 % des aides directes, et ce n’est pas près de changer. Pire, la PAC est même détournée à des fins mafieuses et clientélistes par ceux-là mêmes qui crachent chaque jour leur haine du projet européen, les oligarques hongrois et tchèque, Viktor Orban et Andrej Babis [qui n’est plus premier ministre depuis mi-novembre], et consorts…
Retrouver le lustre d’antan
On aurait pu s’attendre à ce que l’Union européenne, habituée à avancer par à-coups à chaque lendemain de crise, tire les leçons de cet échec… L’esprit du projet européen aurait voulu que la réforme à venir offre plus de convergence entre les paysans bénéficiaires d’aides, ainsi qu’une dimension commune plus forte pour que l’agriculture européenne retrouve son lustre d’antan. Et surtout, qu’elle prive ceux qui se servent sur la bête de tout moyen d’agir. Or, c’est tout l’inverse qui s’apprête à être adopté. (...)
Le cœur de la réforme en cours consiste à en confisquer les clés à la Commission européenne, pour les confier aux Etats membres, à l’exact inverse de la réforme de 2014, mise en place par le libéral Dacian Ciolos, qui entendait fixer une ambition européenne. Si le budget reste communautaire, chaque Etat aura toute latitude pour décider de la répartition des deniers sur son territoire avec les plans stratégiques nationaux. Rien d’étonnant à ce que les chefs d’Etat se réjouissent de la manœuvre (...)
Ce qui a dysfonctionné en Hongrie et en République tchèque aurait dû servir de contre-exemple. Tout au contraire : ce modèle est désormais étendu à toute l’Union. De « commune », cette politique n’aura bientôt plus que le nom. Et l’Europe des nations chère aux droites les plus radicales devrait bientôt voir le jour sur le dos de l’agriculture. (...)
Excellente tribune de @yjadot & @BenoitBiteau sur la PAC que l’on doit voter cette semaine à #Strasbourg. Vote décisif pour climat, qualité de l’air, qualité de l’eau & santé. Nous, @GreensEFA voteront contre. Les autres céderont-ils au poids des lobbies ?https://t.co/0T9UAY84Ga
— Damien CAREME 🌍 (@DamienCAREME) November 22, 2021