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la vie des idées
Battre le pavé pendant qu’il est chaud
Article mis en ligne le 3 juillet 2013

La sociologue Anne Steiner redonne chair à un pan méconnu de l’histoire du mouvement ouvrier : cet avant-siècle de la « Belle Époque » où, malgré le suffrage universel et le droit de grève, la méfiance envers les institutions républicaines se traduit par une violence continue.

Au sortir de la Commune, durant laquelle le peuple s’est réapproprié le Paris haussmannien dont on avait voulu l’exclure, l’espace urbain reste un enjeu de pouvoir. La République a beau rebaptiser nombre de voies, inscrivant l’ordre moral aux murs mêmes de la capitale, le petit commerçant, l’artisan, le manifestant, le rôdeur et la prostituée continuent d’affirmer que la rue leur appartient. C’est encore la République qui, sous des dehors radicaux, écrase dans le sang les grandes grèves et les mobilisations populaires de la « Belle Époque ». Luttes oubliées, auxquelles la sociologue Anne Steiner redonne vie dans Le Goût de l’émeute, récemment paru aux éditions de L’Échappée.

Écrit dans une langue savoureuse, qui favorise l’immersion, l’ouvrage montre que le mythe de la « Belle Époque » s’est édifié au prix d’une violence continuelle impliquant aussi bien les classes ouvrières que les représentants de l’État. Si elle marque le triomphe du patronat et des notables, la période envisagée consacre aussi l’action directe et l’organisation des masses (...)