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Baisse des arrivées en Espagne depuis le Maroc : derrière les chiffres, une réalité nuancée
#migants #Maroc #Espagne
Article mis en ligne le 3 février 2023

Les autorités espagnoles communiquent largement, cette semaine, sur une baisse de l’immigration irrégulière ces derniers mois. Mais derrière les chiffres, la réalité est plus nuancée. Si les exilés subsahariens sont en effet de plus en plus interceptés au Maroc, l’Association marocaine des droits humains insiste sur "l’hémorragie" continue de la jeunesse marocaine vers l’Espagne.

En janvier, 1 292 personnes sont arrivées en Espagne de manière irrégulière, selon les autorités espagnoles. Si celles-ci communiquent sur ce chiffre, c’est qu’il est en baisse de quasiment 70% par rapport à janvier 2022.

L’immense majorité est arrivée par la voie maritime. Sur ces 1 292 immigrants du mois de janvier, 1 205 sont parvenus sur le territoire espagnol à bord de 86 bateaux. En janvier 2022, ils étaient 4 115, sur 155 bateaux. (...)

Le bilan de janvier confirme une tendance à la baisse depuis un an. (...)

Mais voilà : des ONG nuancent le bilan présenté par les autorités. "C’est avant tout de la communication calculée, en préparation du sommet franco-marocain", contextualise Omar Naji, responsable de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) à Nador, ville voisine des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla.
Les autorités se félicitent d’avoir réduit de 30% les arrivées depuis le Maroc

Le responsable d’ONG observe d’abord que les autorités espagnoles publicisent une comparaison entre 2022 et 2021. Or, "il faut comparer sur plusieurs années pour que ce soit pertinent. Quand on remonte à 2018 ou 2019 par exemple, on voit bien que l’on est sur une tendance à la hausse", décrypte-t-il, mettant en garde contre les conclusions hâtives.

Ce n’est en effet qu’en 2022, après trois ans d’augmentation, que les tentatives de traversées en mer en direction de l’Espagne ont fini par ralentir. Effet de seuil, ou effet durable ? (...)

cette baisse concerne surtout les migrants subsahariens, affirme Omar Naji. "Pour les Marocains, il y a toujours une augmentation continue des départs. C’est une vraie hémorragie de la jeunesse, surtout par la mer", via le détroit de Gibraltar. "Mais ces statistiques officielles n’en parlent pas. Ils amalgament les chiffres", estime le responsable associatif.cette baisse concerne surtout les migrants subsahariens, affirme Omar Naji. "Pour les Marocains, il y a toujours une augmentation continue des départs. C’est une vraie hémorragie de la jeunesse, surtout par la mer", via le détroit de Gibraltar. "Mais ces statistiques officielles n’en parlent pas. Ils amalgament les chiffres", estime le responsable associatif. (...)

La traversée reste pourtant ardue pour ces jeunes Marocains. (...)

Certains décident plutôt de prendre un vol jusqu’en Turquie, puis d’emprunter la route des Balkans. Ce long détour s’explique aussi par le fait que le passage vers l’Espagne est devenu "plus cher", indique Omar Naji. "Peu de voies de migration sont accessibles, donc les gens vont jusqu’à chercher les routes les plus difficiles." Des Marocains vont jusqu’à se rendre au Brésil pour entrer en Guyane sur le territoire français, comme l’a rapporté récemment le journal Le Monde. " (...)

Parmi les raisons de la baisse des traversées via la route des Canaries, figurent les interceptions quotidiennes de migrants subsahariens sur le territoire marocain.

Mercredi 1er février, un drame s’est déroulé dans ce cadre. Un bus transportant 55 exilés subsahariens, arrêtés à Laayoune par les autorités, a eu un accident meurtrier. (...)

Malgré l’intensification de ces arrestations, donc la baisse des traversées vers les Canaries, cette route continue d’être le théâtre de nombreux naufrages. Sur l’année 2022, l’ONG Caminando Fronteras dénombre tout de même 1 677 personnes disparues, et 107 officiellement décédées.