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La France insoumise
BCE : halte à la collusion avec la finance !
Article mis en ligne le 28 janvier 2018

La Médiatrice de l’Union européenne vient de demander au président de la Banque Centrale Européenne Mario Draghi de quitter le G30. Ce « G30 » est un club privé rassemblant des hauts dirigeants du monde de la finance (du secteur public ou privé) et quelques économistes universitaires. Le Médiateur européen est un organisme indépendant qui enquête sur les cas de mauvaise administration dans les institutions de l’UE.

Il avait reçu une plainte au début de l’année 2017 de la part d’une ONG, l’Observatoire européen des lobbys, qui relevait que le G30 présente toutes les caractéristiques d’un lobby des grandes banques internationales privées. Le G30 oeuvre par exemple à promouvoir les réglementations (ou les déréglementation…) souhaitées par les grands acteurs des marchés financiers. A ce titre, l’adhésion et la participation du Président de la Banque centrale européenne à ce club représente un conflit d’intérêt patent.

Le Médiateur européen a souligné, au terme de son enquête, l’opacité qui entoure le G30. Les réunions du club sont non publiques, ce qui offre la possibilité de transmettre des informations hors de tout contrôle, et ses membres (31 hommes sur 33 membres) sont cooptés par un bureau d’administrateurs anonymes. Mario Draghi est devenu membre du G30 lorsqu’il travaillait à Goldman Sachs entre 2002 et 2005. (...)

tout indique que la BCE a accru sa participation dans le lobby bancaire ces dernières années : plusieurs membres de ses organes dirigeants sont apparus dans les évènements du G30 et dans ses groupes de travail. Cette situation est d’autant plus problématique que, depuis novembre 2014, la Banque Centrale Européenne supervise l’activité des grandes banques européennes, dans le cadre de l’Union bancaire. Le G30 associe ainsi, autour de cocktails et de petits fours, les hauts responsables qui contrôlent les banques et participent à leur régulation, et certaines des institutions financières qu’ils supervisent.

Le Médiateur européen ne s’y est pas trompé : cette situation représente un cas d’espèce en matière de capture du superviseur bancaire. Malheureusement, la décision de l’organisme est non contraignante. Dans le cadre actuel des institutions européennes, la BCE est laissée libre de maintenir ou non son adhésion à ce club ; elle doit simplement fournir sous trois mois (avant le 15 avril 2018) des explications détaillées à l’appui de son choix. (...)

La capture des banques centrales par la finance a déjà été dénoncée à maintes reprises. (...)

L’indépendance de la banque centrale est finalement à géométrie variable ! Indépendante de la volonté démocratique, elle ne l’est pas des marchés financiers. Les traités européens empêchent le pouvoir politique d’avoir toute prise sur la BCE et les banques centrales des États membres. L’article 123 du TFUE (Traité de Lisbonne) stipule ainsi que, contrairement aux missions historiques des banques centrales, la BCE ne peut pas financer directement les Etats. Selon l’article 130 du TFUE, la BCE ne peut solliciter ni recevoir aucune instructions des États et des gouvernements. Or, en 2015, le Financial Times a relevé que les membres du Directoire de la BCE (son comité exécutif) rencontraient régulièrement d’importants acteurs du marché juste avant les réunions de politique monétaire. (...)

Alors que les pouvoirs de la BCE sont devenus considérables, un véritable débat public doit avoir lieu avant la nomination de son nouveau président en 2019. Le prochain président de la BCE influera largement sur la teneur de la politique monétaire pour les 8 ans à venir, sur les futures régulations bancaires et sur les nouvelles étapes dans la réformes de la zone euro. Il pourra donner une orientation rigoriste à la politique monétaire ou, au contraire, l’orienter vers le bien commun. Des milliards d’euros ont été injectés (...)

La prétendue indépendance de la BCE vise à présenter la politique monétaire et la régulation financière aux peuples comme une matière technique qui devrait être gérée par des experts. Or, la gestion d’une monnaie et le contrôle des banques relèvent de choix éminemment politiques. Le choix est simple : livrer les banques aux choix démocratiques populaires, ou les offrir en pâture aux acteurs les plus puissants du monde de la finance.