
Le Commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe demande à l’Irlande la suppression du Huitième Amendement, qui met le droit à la vie de l’enfant à naître sur le même plan que le droit à la vie de la femme enceinte.
Le Commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe, Nils Muižnieks, « demande instamment aux autorités irlandaises d’adopter une législation pour lever tous les obstacles à l’accès des femmes à l’avortement légal et sans risque ».
Cette requête intervient dans le cadre d’un rapport publié mercredi 29 mars, suite à la visite de Nils Muižnieks en Irlande en novembre 2016. Il demande en particulier que le Huitième Amendement soit supprimé « car il joue un rôle essentiel dans le blocage de toute tentative de réforme globale du régime juridique régissant l’interruption de grossesse en Irlande ». Ce Huitième Amendement, inclus à la constitution irlandaise en 1983, érige en principe le « droit à la vie de l’enfant à naître », le plaçant « sur le même plan que le droit à la vie de la femme enceinte », déplore le Commissaire. En soulignant que le droit à la vie « ne s’applique pas à la vie prénatale ».
Nils Muižnieks demande également « instamment » aux autorités irlandaises de « veiller à ce qu’une éducation sexuelle obligatoire, complète et sans préjugés soit dispensée dans toutes les écoles en Irlande afin de protéger les droits sexuels et reproductifs de tou.te.s. » (...)
La loi irlandaise sur l’avortement, ou plutôt sur la « protection de la vie durant la grossesse » (Protection of Life During Pregnancy Act), n’autorise l’IVG (depuis 2013) que dans les situations où la grossesse est menacée par un « risque réel et considérable » pour la vie de la femme enceinte (Voir : IVG en Irlande : avancée et déception). Dans les autres cas, l’avortement est passible d’une peine allant jusqu’à 14 ans de prison.
Pour le Commissaire du Conseil de l’Europe, « la dépénalisation de l’avortement dans le cadre d’une durée limite de la gestation raisonnable est essentielle pour l’égalité des femmes. Au minimum, l’avortement pratiqué pour préserver la santé physique et mentale des femmes, ou en cas d’anomalie fœtale létale, de viol ou d’inceste devrait être rendu légal. »
La coalition Repeal Eight, qui regroupe plus de 80 associations, mène le combat en Irlande pour la suppression du Huitième Amendement. (...)
En attendant, le Huitième Amendement fait l’objet d’une discussion, entre autres sujets, dans le cadre d’une Assemblée citoyenne. Celle-ci doit rendre ses conclusions dans les prochaines semaines, avant que la question soit examinée par un comité du Parlement.