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Avec son « index de l’égalité » le gouvernement permet aux entreprises de continuer à discriminer les femmes
Article mis en ligne le 20 mars 2019

Depuis le 1er mars, les grandes entreprises sont obligées de publier un « index de l’égalité salariale », une note sur 100 censée évaluer leur bonne ou médiocre performance en matière de non discrimination entre hommes et femmes. Une note trop basse peut être synonyme de sanctions financières. Problème : cet index est fait pour que la plupart des entreprises aient d’excellentes évaluations, quelle que soit l’ampleur des inégalités en leur sein. Une invention gouvernementale qui permet de masquer des discriminations persistantes.

A en croire les scores qu’affichent les grandes entreprises françaises, elles atteindraient quasiment toutes la quasi perfection. Le groupe pharmaceutique Sanofi affiche ainsi une note de 94/100, Arcelor Mittal 89/100, BNP-Paribas 87/100, Carrefour 80/100 ! [1]

De la métallurgie à la finance en passant par l’agro-alimentaire, ces champions du CAC 40 seraient donc aussi des modèles en matière d’égalité salariale entre hommes et femmes. La réalité est pourtant bien différente. Dans le cas de BNP Paribas par exemple, si les femmes sont plus nombreuses que les hommes au sein de la banque [2], ceux-ci y sont payés en moyenne 23 % de plus que leurs collègues féminins [3]. Au sein de la direction et du comité exécutif, ne siègent que trois femmes pour dix-sept hommes [4]. Bref, ce n’est pas brillant. A quoi correspond donc l’excellente note de 87/100 qu’obtient la banque ? (...)

Bienvenue dans le monde des baromètres gouvernementaux qui ne signifient plus rien
Dès la publication du détail de calculs de l’index, le 21 décembre dernier, les syndicats ont protesté, regrettant des modalités qui occultent en fait les inégalités. « Il suffit d’avoir 75/100 pour ne pas être sanctionné. Or le barème retenu est très progressif et les cinq critères se compensent. Il sera donc possible de ne pas être sanctionné, tout en ayant un écart de rémunération de 15% », déploraient ensemble les cinq confédération syndicales (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC et CFTC) dans un courrier adressé à la ministre du Travail, Muriel Pénicaud. (...)

Autre évaluation biaisée : « Pour le retour du congé maternité : au lieu de vérifier l’application de la loi et de s’assurer que les femmes ont bénéficié du même montant d’augmentation que les autres salarié-e-s, on se contente de regarder si elles ont toutes été augmentées, sans s’intéresser au montant, comme la loi l’impose », détaille la CGT.

100 % d’hommes à la direction, une note de 89/100 en matière d’égalité (...)

« Les premières notes publiées confirment malheureusement les inquiétudes des organisations syndicales : elles sont excellentes, alors que la situation des femmes de ces entreprises l’est beaucoup moins ! », énonce la CGT. Les bilans sociaux permettraient de vérifier dans les faits les écarts de salaires entre hommes et femmes, mais peu d’entreprises osent les rendre publics. (...)

La mixité de la gouvernance ne dit rien des conditions de travail des femmes non cadres ni des écarts de salaires dans les échelons inférieurs [6]. L’index qu’a inventé le gouvernement fait pire : il masque les problèmes, les ignore en proclamant que tout va pour le mieux.