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AURDIP (Association des Universitaires pour le Respect du Droit International en Palestine)
Aux détracteurs du boycott académique d’Israël : Qu’en est-il de la « liberté académique » des enfants de Gaza ?
Article mis en ligne le 11 juin 2015

Avec nos connaissances actuelles, il est plus difficile de fermer les yeux sur la destruction d’écoles palestiniennes et d’autres infrastructures.

Voilà bientôt 10 ans que le mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions a débuté, réclamant depuis 2005 la justice pour les Palestiniens et le respect de leurs droits en Israël et dans les territoires occupés. Depuis, le mouvement prend de plus en plus d’ampleur et de force ; un signe récent de sa force grandissante est l’adoption par des gouvernements nationaux et des états américains de déclarations d’opposition au mouvement. Toute une génération d’étudiants dans nos universités et à l’étranger débattent sur le désinvestissement des entreprises qui font affaire dans les territoires occupés. Chaque mois ou presque, des associations étudiantes adoptent des projets de désinvestissement.

Même si de plus en plus de structures universitaires entendent parler des exemples de boycott académique des institutions israéliennes et même si beaucoup de résolutions ont été adoptées en faveur du boycott, quelques arguments-clés anti-boycott exercent toujours un pouvoir de persuasion. Après tout, ne pas investir dans des entreprises qui soutiennent une occupation illégale est une chose ; mais ne pas coopérer avec les institutions académiques de tout un état, c’est autre chose. A première vue, cela va à l’encontre de tout ce que représente la vie académique.

A ce sujet, un ensemble d’arguments mène le débat dans une impasse. Mais ceux-ci ignorent l’aspect le plus essentiel : les droits, et les vies, des Palestiniens. Passons d’abord en revue le débat principal, et nous irons ensuite au cœur de la question. (...)

Les détracteurs du boycott académique affirment que la vie académique est le lieu de la libre circulation des idées, que le dialogue entre les institutions américaines et israéliennes demeure le meilleur moyen de parvenir à la paix, et que le boycott empêcherait les universitaires et les étudiants, surtout ceux des études judaïques, de poursuivre en Israël les recherches et les études nécessaires à leur profession et à leur scolarité.

Ceux qui sont favorables au boycott académique attirent l’attention sur les termes employés dans le texte intégral de BDS, qui souligne que les universitaires, à titre individuel, sont libres de collaborer, d’assister à des conférences, de mener des recherches ensemble, par exemple. Ils disent que c’est un boycott d’institutions, pas d’individus. Et ils pointent l’échec total de décennies de « discussions » qui semblent n’avoir mené qu’à l’élection d’un gouvernement d’extrême-droite qui s’engage à pérenniser une occupation illégale et à consacrer les droits et privilèges d’un groupe au détriment de ceux d’un autre groupe.(...)

Continuer à fermer les yeux sur la destruction d’écoles, d’universités et d’autres infrastructures palestiniennes nécessaires à la « liberté académique », ainsi que sur le coût humain direct de l’occupation en termes de morts et de blessés, devrait être maintenant de plus en plus difficile à faire au vu des rapports majeurs émis par l’ONU et d’autres organismes et associations.

Par exemple, l’UNESCO a publié en janvier 2015 son « Évaluation rapide des institutions de l’enseignement supérieur de Gaza. » Elle n’a bénéficié d’aucune couverture dans les médias américains. (...)

Si cela avait été le cas, les lecteurs américains auraient pu apprendre que :

L’ampleur des destructions et des dommages après 50 jours de conflit en juillet-août 2014 est sans précédent à Gaza, y compris dans le secteur de l’éducation. D’après les conclusions de l’évaluation MIRA [Evaluation multisectorielle initiale rapide, coordonnée par le Bureau des Nations-Unies pour la coordination des affaires humanitaires], 26 écoles ont été entièrement détruites et 122 autres ont été endommagées pendant le conflit, dont 75 écoles de l’Office de secours et de travaux des Nations-Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). Il convient de noter que le système éducatif de Gaza manquait déjà d’au moins 200 écoles avant le dernier conflit, les établissements fonctionnant avec un système de classes alternées, ce qui pèse sur la qualité de l’éducation. Le développement de la petite enfance a aussi été grandement affecté.

Sur l’ensemble des 407 écoles maternelles de Gaza, 133 ont été endommagées et 11 entièrement détruites. Le secteur de l’enseignement supérieur a aussi subi de lourds dommages en termes de vies humaines et d’infrastructures. Après 50 jours de conflit, le droit de tous les enfants et jeunes palestiniens à un enseignement de qualité a été davantage réduit.

En plus des écoles maternelles, les écoles primaires et secondaires et autres centres éducatifs, et 4 établissements d’enseignement supérieur ont été directement pris pour cibles pendant les hostilités, ce qui a entraîné un grand nombre de blessés et de morts parmi le personnel et les étudiants ainsi que des dégâts sur les bâtiments et les équipements.”

L’étude donne ces détails, entre autres, sur les pertes humaines et les blessés parmi le personnel et les étudiants (...)

Des rapports de l’ONU ont constaté que les forces armées israéliennes ont même attaqué délibérément des écoles de l’ONU désignées comme telles et servant d’abris (...)

Il est fort possible que l’histoire se souviendra de cette époque comme celle où des intellectuels et des universitaires des Etats-Unis ont choisi de se mettre la tête dans le sable et ont ignoré totalement les éléments dont ils disposaient. Par souci de poursuivre en toute tranquillité leurs « domaines de recherche » bien protégés et d’éviter une soi-disant zizanie, ils ont coûte que coûte détourné leurs regards des atrocités de l’occupation qui a éliminé une génération d’intellectuels. Mais j’espère malgré tout qu’ils, que nous, répondrons à l’appel à la solidarité lancé par la société civile palestinienne – un appel qui nous parvient du fond de l’abîme – et apporterons notre soutien pour mettre un terme aux injustices meurtrières perpétrées contre non seulement nos camarades universitaires et étudiants, mais aussi nos frères en humanité.