
On parle beaucoup de maltraitance en ce moment.
Notamment après la publication par la HAS d’une étude sur la « maltraitance "ordinaire" dans les établissements de santé ».
Etude importante, précieuse, dont nous proposons ici une lecture commentée – commentaires qui nous ont paru nécessaire au regard des réactions toujours très vives, dans un sens ou dans l’autre, que provoquent ces questions....
...ici, ni délits ni crimes. Ici, bien souvent, pas d’intention de nuire. Ici, bien souvent, pas de conscience des conséquences du comportement ou de l’absence de comportement. Ici, bien souvent, on va le voir, dominent justement l’absence de conscience, l’absence de pensée, d’intention, d’empathie. Au bout de toutes ces absences, l’absence de l’Autre....
des patients contraints à se faire pipi dessus parce que personne ne répond à leurs appels pour les accompagner aux toilettes, des patients qui ne peuvent manger seuls et qui restent, des heures durant, devant une assiette inatteignable, des mères qui ne peuvent accompagner leurs enfants lors de soins difficiles, voire lors de leurs derniers jours ou dernières heures de vie... Des patients subissant tout cela, c’est chaque semaine dans les hôpitaux de France et d’ailleurs.
Et ce ne sont pas des tortionnaires qui permettent cela : ce sont des professionnels comme vous ou moi (et j’insiste sur ce « vous ou moi », car nul ne peut prétendre avec certitude être à l’abri, dans certaines situations, dans certains contextes professionnels ou sociaux, de cette banalisation de la violence), ce sont des organisations sans âme ni conscience, ce sont des rigidités et des habitudes devenues plus puissantes que les individus qui les subissent et les appliquent, ce sont des relations sans relation, des esprits sans pensée...