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BASTA !
Au parlement européen, députés de droite et macronistes confirment leur ligne anti-climatique
Maxime Combes, économiste, porte-parole d’Attac France et auteur de Sortons de l’âge des fossiles, Manifeste pour la transition (Seuil, 2015).
Article mis en ligne le 14 février 2020

Le Green Deal, ce fameux « pacte vert », devait servir de boussole à la nouvelle Commission européenne. Celle-ci promettait que l’urgence climatique, instaurée comme la super priorité du mandat, allait irriguer l’ensemble des politiques européennes – énergie, industrie, transports, agriculture... – pour atteindre la « neutralité carbone » d’ici 2050. En deux votes au Parlement européen ce mercredi, les députés viennent de mettre un sérieux coup de canif à cette ambition.

Par 443 voix (droite conservatrice, libéraux et centristes principalement) et 169 voix contre, ils ont d’abord entériné une liste de « projets d’intérêt commun en matière énergétique » (liste PCI) pour les années à venir. Plus d’un tiers de ces projets concernent la construction d’infrastructures gazières.

Si ces projets devaient effectivement être construits, la dépendance au gaz de l’économie européenne serait aggravée pour de nombreuses décennies, retardant ainsi la transition énergétique en Europe. Parmi ces projets inutiles se trouvent le gazoduc trans-adriatique (TAP) traversant l’Italie, l’Albanie et la Grèce, le terminal de gaz naturel liquéfié (GNL) Shannon en Irlande, pour importer du gaz des États-Unis, le terminal flottant de GNL croate sur l’île touristique de Krk ou encore le gazoduc Eastmed reliant Israël à Chypre et à la Grèce.

Le droit du commerce contre les exigences climatiques et écologiques

Plutôt que s’opposer à cette liste de projets gaziers, le président de la commission environnement du Parlement européen, Pascal Canfin, a voté en faveur de ces projets. Au motif que la Commission européenne s’est engagée oralement à évaluer ces projets dans les mois à venir. Pascal Canfin essaie de faire croire que voter pour des projets gaziers aujourd’hui serait le meilleur moyen de les arrêter demain. (...)

Alors que des millions de jeunes mobilisés pour le climat exigent des mesures immédiates, la grande majorité des députés de la liste Renaissance, soutenue par LREM et le Modem, et les députés de droite, ont préféré reporter à plus tard ce qui aurait pu être décidé ce mercredi.

Ce même jour, une alliance similaire regroupant la droite conservatrice, les libéraux et la majeure partie du groupe socialiste et démocrate, a voté en faveur des accords de commerce et d’investissement entre l’UE et le Vietnam. Le 15 janvier dernier, le Parlement européen avait pourtant voté une résolution sur le Green deal exigeant que « tous les accords internationaux en matière de commerce et d’investissement comportent des chapitres solides, contraignants et applicables en matière de climat et d’environnement ».

Les accords UE-Vietnam votés à peine un mois plus tard ne satisfont pas cette exigence (...)

En votant massivement pour cet accord, la droite conservatrice alliée aux libéraux et centristes, dont les députés Renaissance élus avec l’appui d’Emmanuel Macron, font la démonstration que leurs engagements de campagne visant à « faire évoluer la politique commerciale européenne » n’étaient que des paroles sans lendemain. Conséquence, le « Green Deal » qui devait révolutionner l’Union européenne est déjà remisé (...)

À se demander si la Commission n’a pas seulement repris le terme « Green Deal » pour le vider de sa substance, et en faire un fanion agité partout pour tenter de masquer qu’il s’agit, en réalité, de ne surtout rien changer aux règles qui organisent cette fabuleuse machine à réchauffer la planète qu’est notre système économique. (...)

Lire aussi :
Le Parlement européen valide un accord de libre-échange avec le Vietnam
Mercredi 12 février, le Parlement européen, emmené par des députés Renaissance soutenus par LREM, a ratifié un accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Vietnam. Des voix discordantes avaient pourtant émergé, pointant la situation des droits humains dans ce pays et le coût écologique d’un tel accord. (...)

Par 401 voix pour (192 voix contre et 40 abstentions), les députés européens, réunis à Strasbourg, ont donné leur aval final pour cet accord qui doit supprimer « pratiquement tous les tarifs douaniers entre le Vietnam et l’UE d’ici dix ans ». Dès l’entrée en vigueur de l’accord, 65 % des droits de douane perçus par le Vietnam seront ramenés à zéro, précise Les Échos.

Signé fin juin 2019 à Hanoï, cet accord pourrait entrer en vigueur dès cet été, ouvrant la voie à « un futur accord commercial et d’investissement interrégional », espère le Parlement européen. (...)