
Préparant un couscous dans un appartement mis à disposition par la mairie de Fundao dans le centre du Portugal, Deborah Osaretin, réfugiée nigériane, renaît à la vie un an après avoir été secourue en mer Méditerranée par le navire humanitaire Aquarius.
En juin 2018, l’Aquarius avait été un des premiers navires refoulés par le gouvernement italien qui fermait ses ports aux ONG recueillant des migrants en Méditerranée. Après une semaine en mer, il avait fini par accoster en Espagne et ses 630 passagers avaient été répartis entre six pays, dont 19 au Portugal.
Le Portugal est une exception en Europe : il est demandeur de réfugiés, notamment pour faire face à la pénurie de main d’oeuvre et au déclin démographique.
Et Fundao, en transformant en 2017 un ancien séminaire catholique en centre d’accueil des réfugiés, a voulu se poser en modèle d’intégration et freiner les effets de l’exode rural qui frappe la région. (...)
"Les migrants du centre d’accueil et leur intégration permettent de développer nos entreprises et de créer de la valeur.
Au sein de la population nous avons dépassé la première phase de méfiance pour passer à la fierté d’avoir des réfugiés", affirme le maire de Fundao Paulo Fernandes.
"L’attitude positive du Portugal par rapport aux migrants vient du fait que sa population a dû émigrer, et jusque très récemment pendant la crise.
Les Portugais ont donc cette facilité à éprouver de l’empathie pour eux", explique à l’AFP la secrétaire d’Etat portugaise aux réfugiés Rosa Monteiro.
Depuis 2015, près de 2.000 personnes, y compris des enfants et des vieux, sont arrivées au Portugal dans le cadre des programmes européens d’accueil des réfugiés.
43% de ceux en âge de travailler ont trouvé un emploi dans l’agriculture, la restauration, la confection ou la construction, selon Mme Monteiro. Les autres sont toujours dans des programmes de formation et de réinstallation ou ont quitté le pays.
Au total le gouvernement estime que près de la moitié des réfugiés qu’il a accueillis ont quitté le Portugal, parfois après seulement quelques semaines.
"Les réfugiés que nous perdons veulent souvent rejoindre des membres de leur famille sélectionnés par d’autres pays. Il arrive aussi qu’ils repartent vers des pays où les perspectives économiques sont plus intéressantes. Pour éviter ça, nous essayons de les informer au maximum sur le Portugal dès le processus de sélection", poursuit Rosa Monteiro. (...)
Andreia Roque, l’une des responsables du centre, se réjouit de la détermination affichée par les réfugiés.
"Malgré l’obstacle de la langue qui est le plus difficile, ils sont très motivés, dit-elle. C’est pour cela qu’à court terme nous souhaitons notamment avoir davantage d’espaces communs et augmenter notre capacité d’accueil".