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Au Pérou, les femmes andines victimes d’une féroce répression
#Perou #femmes #repression
Article mis en ligne le 18 juin 2023
dernière modification le 16 juin 2023

Une contestation partie des campagnes agite le Pérou depuis plusieurs mois. Les femmes andines y ont été en première ligne. Violentées par la police pour s’être mobilisées, certaines sont aujourd’hui visées par la justice pour terrorisme.

Le jean noir de Daysi Huanca, 30 ans, cache à peine les traces de contusions et les cicatrices à la cheville. La jeune habitante d’Ilave, une petite ville d’une région rurale du centre du Pérou est de passage dans la capitale pour acheter des pièces détachées de voiture pour son père. Sur la place bruyante qui fait face au Palais de justice, siège de la Cour suprême, des vendeurs à la sauvette proposent des câbles électriques et des jouets. C’est ici, à Lima, que Daysi a été blessée à plusieurs reprises en janvier et février. (...)

« En manifestation, la police m’a matraquée. Aujourd’hui, je me sens traumatisée, témoigne-t-elle. Et je ne suis pas la seule. Des femmes de ma région de Puno qui ont été arrêtées m’ont raconté avoir été dénudées, puis aspergées d’eau, sans même pouvoir manger en garde à vue. Ils s’en fichent que nous soyons des femmes. » (...)

Comme Daysi, des milliers de femmes andines ont quitté leur campagne ou leur village pour monter à Lima à partir de décembre 2022. Elles y ont protesté contre la prise de pouvoir de la présidente Dina Boluarte et la violence d’État qui a suivi la destitution de l’ex-président Pedro Castillo.

En 2021, ce fils de paysans devenu instituteur et syndicaliste avait été élu contre Keiko Fujimori, fille de l’ancien dictateur Alberto Fujimori. Castillo, premier indigène à accéder à la présidence, avait obtenu le vote de la plupart des Andins de l’intérieur du pays. Durant des mois, chacune de ses initiatives a été bloquée par le Congrès, à majorité de droite.

Une instabilité politique s’est ensuite installée. Le 7 décembre, Pedro Castillo a annoncé à la télévision la dissolution du Congrès, la prise de contrôle de l’appareil judiciaire et un couvre-feu. Puis, il se retrouve arrêté et emprisonné dans la foulée. Sa vice-présidente, Dina Boluarte, est investie présidente le même jour.
Un mouvement venu des campagnes

Les électeurs de Castillo dénoncent alors un coup d’État de l’oligarchie. Des manifestations éclatent dans toutes les provinces du Pérou. Le mouvement part surtout des campagnes. Et les femmes andines sont aux avant-postes des mobilisations. (...)

« Les Andines sont toujours présentes dans les manifestations. La particularité de cette crise politique, c’est qu’elles sont venues à Lima, à la capitale, analyse Ruth Luque, députée du parti Juntos por el Pérú depuis son bureau du Congrès où s’affiche un drapeau andin. Les femmes indigènes ont dit : “Nous sommes ici !” Cette crise est une recherche d’affirmation de leur rôle politique », ajoute-t-elle. (...)