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Au Pérou, la colère des peuples indigènes contre l’élite blanche
#Perou #inegalites #multinationales #Reporterre
Article mis en ligne le 24 janvier 2023

Depuis plusieurs semaines, le Pérou est secoué par des manifestations. Paysans et peuples indigènes demandent notamment la destitution de la présidente par intérim Dina Boluarte.

« Ils veulent nous vendre aux multinationales. Nous ne le permettrons pas ! » s’indignait au micro de la chaîne Telesur un indigène quechua, depuis la fenêtre de l’une des dizaines de voitures d’un convoi de manifestants parti de la région d’Arequipa, dans le sud du Pérou, le 16 janvier (...)

Depuis l’éviction de M. Castillo, la colère des populations rurales, descendues dans la rue, ne faiblit pas. À leurs yeux, la victoire du syndicaliste à la présidentielle en juillet 2021, sous la bannière du parti de gauche « Pérou libre », incarnait l’espoir d’un renouveau : c’était la première fois qu’un modeste instituteur issu de l’une des régions les plus pauvres du Pérou (Cajamarca) s’installait dans le palais présidentiel, historiquement occupé par l’élite blanche et conservatrice de Lima.

Il avait notamment promis de mettre fin à « l’arnaque des locaux » par les multinationales minières, d’investir dans la santé et l’éducation, et garantir les droits des peuples autochtones. Mais ce vaste programme est resté lettre morte. Confronté à l’obstruction du Congrès, dominé par la droite, Pedro Castillo a tenté de le dissoudre le 7 décembre. Qualifiée de « coup d’État » par la Cour constitutionnelle, la manœuvre s’est retournée contre lui : Pedro Castillo a été renversé. Aujourd’hui, il est emprisonné au Pérou et sa famille s’est exilée au Mexique.

Les populations indigènes stigmatisées

Avec ou sans lui, les soutiens de Pedro Castillo refusent de revenir en arrière. (...)

de nombreuses multinationales minières se sont installées au Pérou dans les années 1990, attirées par les importants gisements de cuivre, d’or et d’argent du sud du pays. Mais celles-ci ne laissent souvent que les miettes de leurs juteux bénéfices aux communautés locales. (...)

En 2021, 39,7 % de la population rurale péruvienne se trouvait sous le seuil de la pauvreté, contre 22,3 % pour la population urbaine. (...)

Rien qu’en 2022, le Pérou a recensé soixante-douze conflits miniers. (...)

Les « laissés-pour-compte » du Pérou parviendront-ils enfin à imposer leur voix ? Pour l’heure, Dina Boluarte les réprime violemment : quarante-six manifestants sont morts dans des heurts avec la police. Mais ces derniers ne se laissent pas intimider. Ils ont bloqué l’aéroport d’Arequipa et vingt-six routes nationales, empêchant notamment trois mines de cuivre de fonctionner. En dépit des bombes de gaz lacrymogènes de la police, le jeudi 19 janvier, les dizaines de milliers de femmes et d’hommes qui ont traversé le pays pour « prendre Lima » sont entrés triomphalement dans le centre historique de la capitale, vêtu de leurs habits traditionnels et scandant « Dina asesina ! » (« Dina, meurtrière ! »). (...)