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le Monde Diplomatique
Au Japon, le poids de la hiérarchie « Langue servile » et société de soumission
Article mis en ligne le 2 septembre 2020
dernière modification le 11 août 2020

Il est impossible, en japonais, de s’adresser en termes identiques à un supérieur ou à un collègue de travail, ni même de parler à son frère aîné comme à son cadet. La langue s’encastre dans une société verticale où la soumission est érigée en vertu.

La crise politique que le Japon traverse est la plus grave depuis 1947, date de l’entrée en vigueur de l’actuelle Constitution. Et il s’agit justement, pour les citoyens, d’approuver ou non sa révision selon le projet publié en 2012 par le Parti libéral-démocrate (PLD) au pouvoir. Le premier ministre Abe Shinzo, qui le dirige, cherche à étouffer les principes fondamentaux de la démocratie.

La Constitution de 1947 a remplacé celle de l’empire du Grand Japon (1889), sous laquelle le pays avait fini par s’enfoncer dans les folies meurtrières d’une guerre d’agression coloniale qu’on appelle la « guerre de quinze ans » (1931-1945). Les Japonais sont alors passés de l’ère des sujets (ou de la souveraineté impériale) à celle des citoyens (ou de la souveraineté populaire). Ce changement de régime, radical et profond, s’est opéré au prix de l’hécatombe innommable causée par l’expansion coloniale de l’État nippon militaro-fasciste et de celle, tout aussi innommable, du bombardement massif du 10 mars 1945 à Tokyo et des deux bombes atomiques qui ont anéanti en quelques secondes les villes de Hiroshima et de Nagasaki. (...)

Le Japon d’aujourd’hui, sorti des ruines et des dévastations de la guerre, a donc été édifié sur l’idée d’en finir une fois pour toutes avec le système d’oppression étatique.

Or, depuis quelques années, surtout depuis l’installation en décembre 2012 de la seconde administration Abe, ce Japon démocratique de l’après-guerre est entré dans une phase critique, faisant l’objet d’une politique de démantèlement délibérée. La première étape de la révision constitutionnelle réside dans la remilitarisation du pays par une modification de l’article 9, qui interdit la possession de forces armées, (...)