
Vague de colère après le viol collectif d’une adolescente. Colère aussi contre la « culture du viol » – ou la tendance à culpabiliser la victime.
Comme une plaie béante. La colère contre la « culture du viol » ne retombe pas au Brésil après le viol collectif subi par une adolescente – et la publication le 25 mai d’une vidéo par ses auteurs sur les réseaux sociaux, commentaires ironiques en prime. La jeune fille de 16 ans dit avoir été violée par une trentaine d’hommes, après avoir été droguée, dans une favela de Rio de Janeiro.
Dimanche 29 mai, l’adolescente a affirmé dans une émission télévisée avoir reçu de nombreuses menaces de mort depuis qu’elle a publiquement témoigné – elle a intégré un programme de protection des victimes. Elle a également mis en cause le fonctionnaire en charge de l’enquête, en affirmant s’être sentie tenue pour responsable. Il lui aurait par exemple demandé si elle avait l’habitude des actes sexuels avec plusieurs hommes. « A aucun moment je ne me suis sentie en confiance. J’imagine que c’est pour cela que les femmes ne portent pas plainte », a-t-elle expliqué.
De fait, dès les premières mentions de la vidéo, la colère face à l’horreur de ce viol collectif se porte aussi vers certains discours qui l’accompagnent. Des discours, trop nombreux, qui mettent en cause la jeune fille, sur l’air de « elle l’avait bien cherché ».
De quoi rappeler une récente enquête sur la « tolérance sociale à l’égard des violences faites aux femmes » au Brésil, dans laquelle 26% des répondant.e.s estimaient que les femmes trop peu vêtues « méritent d’être agressées » et près de 6 sur 10 considèraient que « si les femmes se comportaient mieux, il y aurait moins de viols ».
Ce même dimanche 29 mai, plusieurs centaines de personnes manifestaient dans la capitale Brasilia. Et sur les réseaux sociaux des milliers martèlent ce message : « Ce n’est jamais la faute de la victime ». De nouvelles manifestations sont prévues dans de nombreuses grandes villes du pays mercredi 1er juin.
Le 27 mai, un manifeste dressait le bilan de ce dégoût face à la « culture du viol » – « cultura de estupro ». Phénomène social qui se manifeste sous trois formes principales : « La normalisation de la pratique du viol et autres formes de violences sexuelles ; la remise en question et la décrédibilisation des victimes ; la protection des agresseurs. » (...)