Au Brésil, le président Bolsonaro est une menace pour l’Amazonie et les peuples autochtones
Le programme environnemental du nouveau président est désolant. Il n’y aura plus de ministère de l’Environnement, et une nouvelle autoroute pavée sera lancée à travers l’Amazonie.
Et ce n’est pas tout. Le candidat favori, qui a obtenu une quasi-majorité des votes lors du premier tour de l’élection présidentielle le 7 octobre, entend ouvrir des territoires autochtones à l’exploitation minière, assouplir l’application de la loi en matière d’environnement et l’octroi de permis d’exploitation. Tandis que les ONG internationales, telles que Greenpeace et WWF, pourraient être interdites dans le pays, M. Bolsonaro entretient une alliance étroite avec le lobby du bœuf.
Nostalgique de la dictature militaire de 1964 à 1985, ce capitaine de l’armée à la retraite est désormais célèbre pour sa rhétorique raciste, homophobe, autoritaire et misogyne. Bolsonaro a galvanisé les électeurs des centres urbains désabusés par les scandales de corruption (...)
En Amazonie, des bûcherons, des mineurs, des accapareurs de terres ainsi que de grands propriétaires terriens se sont ralliés à lui. Ils ne s’attendent pas à ce que Bolsonaro fasse respecter la loi. Au contraire, ils espèrent qu’il tiendra sa promesse d’anéantir presque toutes les législations environnementales et pro-indigènes. (...)
Bolsonaro reconnaît que le climat change dangereusement. Mais quand Climate Home News l’a interrogé à ce sujet lors d’une conférence de presse en avril, il a expliqué que la solution résidait dans un contrôle strict de la croissance de la population humaine. « Cette croissance démographique explosive conduit à la déforestation, a-t-il dit. Parce que vous ne cultiverez pas de soja sur la terrasse de votre immeuble ou n’élèverez pas de bétail dans la cour. Nous devons donc avoir une politique de planification familiale. Ainsi, vous commencez à réduire la pression de ce qui conduit, oui, à mon avis, au réchauffement de la planète, ce qui pourrait être la fin de l’espèce humaine. » (...)
« S’il gagne, il institutionnalisera le génocide »
Exprimant un point de vue commun dans le milieu militaire, il a affirmé, sans preuve, que les droits fonciers autochtones fesaient partie d’un complot occidental visant à créer des États amazoniens séparatistes soutenus par l’ONU. « Tôt ou tard, nous aurons des douzaines de pays à l’intérieur du Brésil. Nous n’aurons pas de droit d’ingérence dans ces pays, le premier monde exploitera les Indiens, et il ne nous restera plus rien », a-t-il dit l’année dernière.
Bolsonaro a promis d’ouvrir les terres autochtones à l’exploitation minière et à d’autres activités économiques. Environ 13 % du territoire brésilien est constitué de terres indigènes reconnues, la plupart situées en Amazonie. Ces réserves constituent un rempart contre la destruction de la forêt, seulement 2 % de la déforestation de la forêt tropicale humide ayant eu lieu à l’intérieur du territoire autochtone.
La loi protège les droits des peuples natifs. L’article 231 de la Constitution de 1988 dispose ainsi qu’ils ont « des droits originaux sur les terres qu’ils occupent traditionnellement », bien que ces terres appartiennent à l’État et qu’ils n’aient aucun droit de propriété sur les minéraux.
Mais Bolsonaro respectera-t-il ces lois ? (...)