
Elle était d’abord restée stoïque face aux nombreuses attaques racistes dont elle est victime depuis quatre mois. Mardi, enfin, Cécile Kyenge, la ministre de l’Intégration, première femme noire du gouvernement italien, a protesté.
Pendant la présentation d’un plan national contre le racisme, la ministre d’origine congolaise a sommé la Ligue du Nord, le parti italien anti-immigrés qui l’accable quotidiennement d’insultes racistes, de cesser « immédiatement » :
« Si Maroni [secrétaire de la Ligue du Nord, ndlr] ne met pas fin aux attaques des militants de la Ligue, je ne participerai pas à la conférence prévue à l’occasion de la fête de la Ligue en août. »
Elle avait accepté quelques jours plus tôt de débattre avec le gouverneur Zaia, membre de la Ligue du Nord, pour « se confronter sur les idées et non à travers des insultes ». (...)
Des insultes, il en pleut depuis le début. Dès sa première apparition à la Chambre des députés, le 2 avril, elle est visée par une pelletée de surnoms racistes émanant des rangs des députés de la Ligue du Nord, qui la taxent de « singe congolais », « négresse », ou « vilaine petite Noire ».
S’ensuit une série d’attaques proférées par la galaxie d’extrême droite italienne (...)
L’insulte raciste n’étant pas un délit en Italie, les auteurs de ces immondices n’ont été ni contraints à la démission, ni pénalement condamnés. Ils se contentent généralement d’excuses pitoyables, purement déclaratoires.
Ce martèlement a scandalisé la classe politique italienne. Kyenge compte de nombreux soutiens parmi les siens, au Parti Démocrate. (...)
L’indignation et les éloges ont même gagné la page Facebook de la ministre depuis quelques semaines. Une pétition de soutien a circulé sur Internet et a recueilli 50 000 signatures.
Malgré l’indignation, le pouvoir peine à faire preuve d’actes concrets pour lutter contre ce racisme bruyant.