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le Monde
Asia Bibi, chrétienne condamnée à mort pour blasphème puis acquittée au Pakistan, souhaite s’installer en France
Article mis en ligne le 28 février 2020

La paysanne du Pendjab est actuellement réfugiée au Canada. Elle doit être reçue à l’Elysée vendredi.

C’est une femme menue, vêtue d’une tunique brune ornée de bijoux, une perle dans le nez, qui n’en revient pas de l’honneur qui lui est fait dans ce salon de l’Hôtel de Ville de Paris baigné par la lumière du jour tombant mardi 25 février : la Pakistanaise Asia Bibi, 48 ans, une revenante du couloir de la mort, reçoit des mains de la maire Anne Hidalgo le diplôme de citoyenne d’honneur de la Ville de Paris, une distinction qui lui avait été attribuée en 2015, in absentia – au côté, cette année-là, de Charlie Hebdo.

Tout un symbole : Asia Bibi, une paysanne catholique analphabète de la province pakistanaise du Pendjab, mère de deux filles, fut condamnée à mort en 2010 pour blasphème, après que des femmes musulmanes de son village l’ont accusée d’avoir bu l’eau du puits dans leur gobelet, un jour de juin 2009 où elles participaient ensemble à la cueillette de fruits, et de l’avoir ainsi souillée parce qu’elle était chrétienne. Asia Bibi répond à leurs attaques, elles l’accusent d’avoir « insulté le prophète » et la rouent de coups.

Cette petite vengeance de la part des mégères dans un conflit de voisinage au long cours allait prendre dans les semaines, puis les années, qui suivirent une proportion inouïe (...)

« Bien des années plus tard, j’ai enfin compris pourquoi j’étais devenue l’emblème des lois anti-blasphème », écrit-elle dans l’autobiographie Enfin Libre ! (Editions du Rocher, 2020), qu’elle a coécrite avec Anne-Isabelle Tollet, la journaliste française qui a contribué à la faire connaître par deux précédents ouvrages et a créé le Comité international Asia Bibi en 2015. « Quand le pape prend votre défense, les musulmans fanatiques pensent qu’il s’agit d’un duel entre l’islam et l’Eglise catholique », poursuit-elle. (...)