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Areva, le Mox et le plutonium : le « business model » d’une catastrophe nucléaire ?
Article mis en ligne le 11 avril 2013

Du plutonium est en partance pour le Japon. Alors que, deux ans après Fukushima, populations et autorités locales se débattent toujours face aux contaminations radioactives, un convoi nucléaire, affrété par Areva, doit appareiller mi-avril de Cherbourg vers l’archipel japonais.

Pourquoi l’entreprise continue-t-elle à exporter du combustible nucléaire vers un pays traumatisé ? Quels sont les enjeux commerciaux et industriels qui se cachent derrière le Mox ? Et les menaces potentielles que fait planer ce business nucléaire ? Enquête. (...)

Malgré un rendement discutable, l’avantage commercial principal du Mox, comparé aux assemblages classiques d’uranium enrichi, c’est qu’il permet à Areva de retraiter et de « valoriser » une partie du plutonium produit lors de la fission de l’uranium dans les réacteurs nucléaires, et considéré comme des déchets hautement dangereux. Plus Areva écoule du Mox, plus elle économise d’uranium naturel importé du Niger ou du Kazakhstan. Car comme bien d’autres matières premières, les réserves d’uranium s’épuisent : il en resterait pour 51 années de consommation mondiale, au rythme actuel. « Le Mox est un produit performant issu du recyclage. Il permet de diversifier son portefeuille de combustibles », vante ainsi le site de l’entreprise française.
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Avec plus de 90% de parts de marché mondial pour la vente de Mox, Areva occupe une position de quasi-monopole.
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Ce « produit performant » pose cependant bien des problèmes. La radioactivité du Mox, même « usé », demeure beaucoup plus forte que celle de l’uranium. Hautement radiotoxique, le plutonium n’existe pas à l’état naturel. La dose annuelle limite en cas d’inhalation de plutonium par un adulte est fixée à 1 millième de microgramme. Et sa période radioactive s’étire, en fonction des isotopes, de 88 ans à… 80,8 millions d’années ! « Ce combustible est un million de fois plus radioactif que l’uranium de base. Sa radioactivité et sa plus grande chaleur rendent sa manipulation complexe. En cas de perte du système de refroidissement, sa présence dans le réacteur et dans les piscines aggrave les conséquences possibles », décrit Bernard Laponche, physicien nucléaire et cofondateur de l’association scientifique Global Chance.

Le Mox était présent au sein du réacteur n°3 de la centrale de Fukushima, lors de la fusion du coeur après le tsunami du 11 mars 2011. 32 assemblages de Mox [4], pouvant contenir jusqu’à 1,3 tonne de plutonium, auraient donc partiellement ou totalement fondu. Deux ans plus tard, on ne sait toujours pas si ce magma de matières fissiles hautement abrasives et radioactives – appelé corium – est resté confiné au sein de la cuve du réacteur, ou s’il en a débordé. Et quelle quantité d’eau, chargée de radioactivité et de plutonium, s’est déversée dans l’océan. (...)