Suite à la dissolution des Soulèvements de la Terre, des porte-parole et soutiens ont annoncé la contre-offensive. Un recours sera déposé devant le Conseil d’État. Sur le terrain, les comités locaux poursuivront leurs actions.
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« On ne se laissera intimider ni par la dissolution administrative ni par l’emploi de police antiterroriste à notre encontre. » Au micro, Basile Dutertre, l’un des porte-parole des Soulèvements de la Terre, donne le ton. Mercredi 21 juin, avec ses compagnons de lutte et des soutiens comme Greta Thunberg, ils tenaient une conférence de presse devant le Conseil d’État, en réaction au décret de dissolution des Soulèvements adopté plus tôt dans l’après-midi en conseil des ministres. Benoît Feuillu, un autre porte-parole du mouvement, aurait dû être présent ce mercredi soir. Sauf que l’activiste se trouve actuellement en garde à vue… dans les locaux de la sous-direction antiterroriste, à Levallois—Perret (Hauts-de-Seine).
Au même moment, près de 150 rassemblements se tenaient partout en France contre la dissolution des Soulèvements de la Terre. Mais aussi en soutien aux militants écologistes interpellés lors des deux vagues d’arrestations menées par la gendarmerie et la sous-direction antiterroriste le 5 et 20 juin. Des rassemblements devant les commissariats et préfectures sont également prévus jeudi 22 juin, notamment à Levallois-Perret, où sont retenus Benoît Feuillu et bien d’autres.
« La bataille juridique commence » (...)
Désormais, « les plus de 100 000 personnes qui ont déclaré faire partie des Soulèvements seront, si elles continuent de se revendiquer comme telles, passibles de trois années d’emprisonnement et de surveillance administrative », fustige Raphaël Kempf, l’un des avocats du mouvement. « La bataille juridique commence », annonçaient Les Soulèvements dans un communiqué du 21 juin.
Pour contrer cette dissolution, sa consœur Aïnoha Pascual et lui ont annoncé ce mercredi un recours auprès du Conseil d’État. Ils disposent de deux mois pour le déposer. « Nous irons, s’il le faut, jusqu’à la Cour européenne », promet en aparté l’activiste Léna Lazare, l’une des figures des Soulèvements depuis sa création.
Le recours en justice s’attaquera à l’appellation « groupement de fait » attribuée aux Soulèvements par le ministère de l’Intérieur — ce qui lui permet de passer outre la difficulté juridique de s’attaquer à une telle constellation de collectifs et d’associations. (...)
« Nous sommes Les Soulèvements » abondent, les uns après les autres, les porte-parole de la Confédération paysanne, de Scientifiques en rébellion, de Solidaires, du Syndicat des avocats de France ; mais aussi les intellectuels — Philippe Descola, Françoise Vergès, Cyril Dion — et les élus, rassemblés ce soir devant le Conseil d’État. (...)
Le recours contestera aussi l’imputation directe des actions de terrain virulentes — « la commission de sabotages et dégradations matérielles, y compris par la violence », liste le ministre de l’Intérieur dans ses griefs — aux Soulèvements. « Dire que Les Soulèvements sont responsables des violences, c’est comme imputer à l’intersyndicale les violences lors des manifestations [contre la réforme des] retraites », estime Aïnoha Pascual. (...)
180 comités locaux pour poursuivre les actions
« Aujourd’hui, la France franchit un seuil dans l’autoritarisme », certifie Mathilde Panot, députée (LFI). La riposte sera donc aussi politique : son parti planche sur un projet de loi pour abroger certaines dispositions de la loi dite « Séparatisme » du 24 août 2021, qui sert de base à la dissolution des Soulèvements. (...)