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Mediapart
Après l’attaque d’Annecy, des réfugiés syriens redoutent les effets de stigmatisation
#Annecy #extremedroite #syriens #refugies
Article mis en ligne le 12 juin 2023

Quand ils ont compris que l’assaillant de l’attaque d’Annecy était originaire du même pays qu’eux, bon nombre de réfugiés syriens ont craint qu’on ne les rende responsables du drame par ricochet. Depuis qu’ils sont installés en France, ils observent, inquiets, les expressions quotidiennes de l’extrême droite.

La plupart des Syriens résidant en France estiment qu’ils n’ont pas à se justifier parce que l’assaillant est originaire du même pays qu’eux. « C’est inacceptable de considérer que tous les Syriens qui vivent en France se ressemblent, souligne Maher Akhttiar, un Syrien installé en France depuis dix ans et habitant à Lille (Nord). L’acte de jeudi et ses conséquences ne devraient jamais être généralisés à tout un peuple. Personne ne devrait accepter une telle généralisation. »

Maher Akhttiar vient de publier Oui, il y a des réfugiés heureux en France (Éditions du Rocher), dans lequel il évoque les nombreuses réussites des expatrié·es de Syrie en France, ainsi que leur intégration réussie dans la société et leur capacité à surmonter les obstacles liés au fait d’être étranger. Face à Mediapart, il exprime une franche appréhension à l’idée de parler de son livre la semaine prochaine, dans le cadre d’une interview qu’il avait accepté d’accorder à un média français avant l’attaque. Il redoute que celle-ci « incite certains à remettre en question la crédibilité du livre ».
Le piège de l’autoflagellation

Toutefois, Maher ne veut pas tomber dans le piège de l’autoflagellation. Car, insiste-t-il, l’ensemble d’une communauté ne peut être rendu responsable de l’attaque du 8 juin, contrairement à ce que certains esprits racistes aimeraient laisser croire. Bon nombre de celles et ceux qui vivent sur le territoire se sentent déjà vulnérables, du fait de résider dans un pays étranger sans en maîtriser la langue. À cela, s’ajoutent l’incertitude de l’avenir et parfois l’instabilité professionnelle.

Pour la plupart des réfugié·es syrien·nes, le fait de les rendre, même par ricochet, responsables d’un acte qu’ils n’ont pas commis peut accroître ce sentiment de vulnérabilité. (...)

« J’ai vu de nombreuses personnes d’extrême droite se rassembler dans le parc à côté de chez moi. Ça m’a terrifié ». Mo Ali, réfugié syrien à Annecy (...)

Malgré une interdiction de manifester prononcée par le ministère de l’intérieur, une trentaine de personnes se sont effectivement réunies à Annecy, jeudi soir, à l’appel d’organisation d’extrême droite, aux cris de « la France aux Français ». Le lendemain, à Lyon (Rhône), un square a été déclaré « fermé jusqu’à nouvel ordre » au public par le mouvement d’extrême droite local Les Remparts « en raison de la présence de migrants et de la récente attaque au couteau à Annecy par un migrant syrien ». (...)

Après l’attaque, les Syriens de France et d’Europe ont publié une déclaration, pour condamner l’attaque du 8 juin et manifester leur entière solidarité avec les familles des victimes et le peuple français.