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Appel Un pouvoir qui matraque la jeunesse est faible et méprisable
Article mis en ligne le 21 avril 2016

Un collectif composé de plus de trois cents universitaires, artistes, militants associatifs, lance un appel pour dénoncer violences et dérives policières qui se généralisent depuis l’instauration de l’état d’urgence.

Depuis novembre dernier et la proclamation de l’état d’urgence, l’État de la régression sociale et de la matraque a brutalement accéléré sa décomposition. Sa soumission à un capital piaffant d’impatience de pouvoir exploiter et jeter n’importe qui, quand et comme ça lui chante, est radicalement décomplexée. Le nombre de celles et ceux qui, se battant sans courber l’échine pour leur dignité, leur avenir, ou tout simplement leur quotidien, peuvent être traînés devant les tribunaux, traités comme des terroristes et, à l’image des Goodyear, condamnés à de la prison ferme, ne cesse de croître. Au même rythme ont progressé les violences policières les plus méthodiques.

La jeunesse étudiante et lycéenne en fait les frais depuis plusieurs semaines, à un niveau de répression proprement insoutenable. Les 300 et quelques arrestations lors de la manifestation du 29 novembre à Place de la République, à Paris, contre la COP21 étaient bien un avant-goût. Depuis le 17 mars et l’expulsion violente d’un groupe d’étudiant-e-s de l’université de Tolbiac, chaque journée de mobilisation des jeunes occasionne un crescendo dans les gazages, les matraquages et les interpellations. Quelle honteuse hypocrisie quand Bernard Cazeneuve se dit « choqué » de la violence par laquelle un jeune de 15 ans, du lycée Bergson à Paris, avait été le 24 mars tabassé par trois policiers surarmés.

Une mécanique indigne

Le 5 avril, ce sont encore plus de 130 lycéen-ne-s, gazé-e-s et matraqué-e-s par des CRS et policiers en civil, qui ont été interpellé-e-s avant même d’arriver à la manifestation prévue à Bastille l’après-midi. Quant à ce 14 avril, le nombre de casques, de tonfas, de gazeuses et de boucliers destinés à enfermer le cortège parisien pourtant pacifique était tellement important, un drone couvrant carrément la zone, que des passants ont demandé si c’était… une manifestation de policiers. La liste est longue, et le procédé n’est pas seulement parisien. Nantes, Rennes, Lyon, Strasbourg, Montpellier, Rouen, Caen, Grenoble, Toulouse etc., l’ont également subi. Et, bien sûr, les grévistes de Mayotte. (...)

La façon incroyablement violente dont les CRS ont « accueilli » les étudiant-e-s venus rencontrer les cheminots à la gare Saint Lazare mardi 12 avril, et arrêté arbitrairement l’un d’entre eux, illustre avec éloquence sa hantise à l’égard de toute jonction des étudiant-e-s et des salarié-e-s.

Alors que des politiciens, jusque dans les rangs du PS, veulent aller jusqu’à dissoudre « Nuit Debout ! », le gouvernement, profitant de l’ambiance entretenue par un blackout aussi complet que complice de la part des grands médias, lâche ainsi quelques miettes d’un côté tout en laissant, de l’autre, se succéder des journées saute-moutons qui, à elles seules, l’impressionnent peu. (...)

Laisser la matraque impunie, c’est porter aussi une immense responsabilité. La condamnation de cette violence récurrente devrait être sans appel ; or, on est encore bien en-deçà du nécessaire à l’échelle nationale. Les prises de position locales, lorsqu’elles existent, de partis, syndicats, associations en tout genre, ou encore au sein de corporations comme les enseignants et universitaires, restent largement insuffisantes à ce jour pour briser l’omerta. Il n’y a rien à relativiser ni à nuancer. (...)

Plus de 300 personnes, universitaires, artistes, éditeurs, syndicalistes, militant-e-s associatifs, professionnel-le-s de santé, etc., ont d’ores et déjà signé cet appel.