
Alors que de nouveaux variants comme Omicron apparaissent, le refus des pays riches, dont la France, de lever les droits de propriété intellectuelle sur les vaccins met en danger des millions des personnes dans les pays développés, mais surtout dans les pays les plus pauvres qui n’ont pas les moyens ni les ressources pour se protéger efficacement contre la pandémie.
Les membres de la « People’s Vaccine Alliance », dont Oxfam France, affirment que le refus des sociétés pharmaceutiques de partager ouvertement leur savoir-faire et leur technologie ainsi que le manque d’action des pays riches pour garantir l’accès aux vaccins à l’échelle mondiale ont créé le terreau idéal pour de nouvelles variantes telles qu’Omicron.
Alors que le monde s’apprête à fêter les 1 ans de la première dose de vaccin contre le Covid19, administrée à Margaret Keenan au Royaume le 8 décembre 2020, , de grands progrès ont été accomplis pour vacciner plus de trois milliards de personnes. Néanmoins, de nombreuses régions, notamment les plus pauvres du monde, n’ont pas eu le droit à ce privilège. Alors que des pays comme la France ou le Canada ont reçu suffisamment de doses pour vacciner l’ensemble de leur population, l’Afrique subsaharienne n’a reçu que suffisamment de doses pour vacciner 1 personne sur 8.
« Nous appelons Pfizer, Moderna, BioNTech et d’autres à changer de cap. Vous avez fait d’énormes profits l’année dernière. Nous avons maintenant des milliardaires du vaccin. Vous n’avez pas besoin de gagner plus d’argent. Changer vos vaccins pour relever le défi d’Omicron ne sert à rien si les recettes de vos vaccins sont à nouveau privatisées derrière un monopole », a déclaré Winnie Byanyima.
Pour sa part, Sandra Lhote-Fernandes, responsable de plaidoyer chez Oxfam France déclare :
« Avec la nouvelle menace du variant Omicron, il est clair que nous ne vaincrons pas cette pandémie en privant les pays les plus pauvres de l’accès aux vaccins. La France doit arrêter son double discours sur la levée des brevets et arrêter de protéger les intérêts d’une poignée de laboratoires pharmaceutiques. En juin dernier, le Président Emmanuel Macron s’était pourtant engagé devant nous. Il doit tenir sa parole et agir de toute urgence pour que la levée des brevets soit adoptée à l’Organisation mondiale du commerce, condition indispensable pour augmenter massivement la production des vaccins. »
Maaza Seyoum, de l’Alliance africaine et de la People’s Vaccine Alliance Africa, déclare : « Se battre pour acheter des stocks limités de vaccins extrêmement coûteux pour protéger vos propres citoyens tout en ignorant le reste du monde ne fera qu’entraîner plus de variants, plus de mutations plus de vies perdues ». (...)
Dans une déclaration envoyée aux négociateurs de l’Union européenne et aux États membres cette semaine, la People’s Vaccine Alliance s’est jointe à plus de 170 organisations caritatives, ONG, syndicats et groupes de campagne – dont ONE Campaign et l’Union internationale des travailleurs de l’alimentation – pour critiquer l’opposition de l’UE à la levée des règles sur la propriété intellectuelle des vaccins. L’Alliance appelle les pays riches à utiliser tous leurs pouvoirs pour insister sur le partage ouvert de la technologie et du savoir-faire en matière de vaccins et pour financer une énorme expansion de la production de vaccins dans le monde entier.
La semaine dernière, la Norvège était le dernier de plus de 100 pays à offrir leur soutien à cette dérogation. Pendant ce temps, le président Emmanuel Macron a retiré le soutien de la France, une décision que l’Alliance a qualifiée de ridicule et dangereuse face à la nouvelle variante et au rythme de la vaccination dans les pays les plus pauvres.