Après 17 ans dans la rue à endurer des violences, Anne Lorient s’en est sortie.
Elle a fait la promesse de ne jamais oublier et surtout, de continuer de venir en aide aux sans-abris.
Aujourd’hui Anne Lorient est une accoucheuse de rue qui tente, tant bien que mal, d’accompagner et de sauver la vie de ces femmes et leurs bébés.
Elle nous raconte les dures réalités de son quotidienet comment, elle offre, une seconde chance.
Seconde chance : "Créer un mouvement de solidarité autours de ces femmes qui affrontent les rues"
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– (PositivR)
SDF : vivre sa grossesse dans la rue n’est jamais sans conséquence
Une grossesse dans la rue n’est jamais sans conséquence. Découvrez le travail des associations et professionnels qui font bouger les lignes.
Faute de contraception, des femmes sans domicile tombent enceintes avant d’être stabilisées dans un logement. Grâce aux associations de terrains et aux services de protection maternelle infantiles, ces futures mères parviennent à être suivies et la plupart d’entre elles accouchent à l’hôpital. Mais ces grossesses précaires ne sont pas sans conséquence.
« Je suis restée trois jours à l’hôpital puis on m’a mise dehors, avec des couches et du lait pour la petite. » Tout en racontant son histoire, Nebia, la trentaine, prépare le biberon de son nourrisson, né il y a tout juste un mois. Si elle a accouché dans une maternité, la jeune mère est sans domicile. Avec son mari et ses deux autres enfants, âgés de 6 et 10 ans, elle a été orientée depuis le mois de février par le 115 dans un hôtel Ibis à Villeparisis, en Seine-et-Marne. Ce logement précaire ne comble pas les besoins de la famille, « sans ressources ».
Comme Nebia, de nombreuses femmes tombent enceintes alors qu’elles sont SDF. La majorité d’entre elles n’ont pas de moyen de contraception et le recours à l’avortement reste rare auprès de cette population fragile et précaire. Si Nebia est originaire d’Algérie, la plupart des femmes sans domicile, enceintes et recensées sur le territoire français sont issues de l’immigration subsaharienne. Leurs enfants ont été conçus durant leur parcours migratoire ou dès leur arrivée en France. Certains sont issus de relations sexuelles non consenties, les viols n’étant pas rares pour ces personnes aux situations fragiles et précaires.
« Le fait d’être à la rue les expose à des sollicitations d’hommes », explique Véronique Boulinguez, sage-femme au service de Protection maternelle infantile (PMI) de la Ville de Paris. « On voit beaucoup de jeunes mamans ou femmes enceintes qui, quand elles arrivent en France, traînent un peu dans les gares. Il y a toujours un ‘gentil’ monsieur pour leur proposer un hébergement gratuitement. Puis, au bout de quelques jours, des services sexuels sont exigés en échange de ce même hébergement. Certaines acceptent. D’autres refusent et sont mises à la porte. C’est tellement fréquent », soupire cette habituée du terrain (...)
L’inquiétante augmentation des « bébés sans-abri » (...)
Plus de la moitié sont en situation irrégulière au regard du droit de séjour en France et leurs conditions de logement sont « difficiles et précaires » :
Six femmes sur dix sont hébergées par une association ou une connaissance.
22,8 % sont sans domicile, c’est-à-dire en hébergement d’urgence ou à la rue.
7,7 % vivent dans un squat ou en bidonville.
Si Nebia a été remerciée par sa maternité au bout de trois jours, c’est peut-être parce que la jeune mère disposait d’un logement, aussi précaire soit-il. Mais face à l’augmentation inquiétante du nombre de « bébés sans-abri », ces nouveau-nés dont la mère ou les parents, sont sans hébergement, des établissements ont décidé de prolonger les hospitalisations. (...)
l’urgence est telle que les associations de terrain et le personnel médical ne peuvent que se mobiliser pour offrir à ces femmes un suivi de grossesse et leur éviter d’accoucher dans la rue. Toujours selon le rapport 2020 de Médecins du monde, « 36,6 % des femmes enceintes reçues dans les Caso (centre d’accès aux soins et d’orientation, N.D.L.R.) présentaient un retard de suivi de grossesse et seules la moitié a eu des soins prénataux. » Mais près de 80 % des femmes enceintes ont pu être suivies durant leur grossesse. Les dispositifs semblent efficaces, puisque les patientes sont suivies, mais ils n’empêchent pas non plus les problématiques de santé liées à leurs conditions de vie.
« Il y aura encore des morts » (...)
Médecins du Monde rapporte en effet que le taux de mortalité maternelle en France est « 2,5 fois plus élevé chez les femmes en situation de migration et 3,5 fois plus élevé chez celles nées en Afrique subsaharienne par rapport aux femmes nées en France ». (...)