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l’ Express
Angela Davis : "J’étais devenue un symbole à détruire"
Icone de la lutte noire, à 69 ans, Angela Davis, professeur de philosophie, est toujours une militante : en faveur du droit des femmes et contre la peine de mort.
Article mis en ligne le 15 mars 2013
dernière modification le 11 mars 2013

Free Angela and All Political Prisoners qui sort le 3 avril retrace la période où elle fut traquée par le FBI et emprisonnée. En avant-première, l’héroïne du Black Power se souvient. Témoignage d’une éternelle insoumise.

Au téléphone depuis San Francisco, sa voix est grave. On l’imagine nimbée d’une coiffure afro et d’un nuage de fumée, gauloise sans filtre aux lèvres. Les années ont beau passer, Angela Davis reste une icône. Révolutionnaire, elle est, aux côtés de Malcolm X et de Martin Luther King, l’une des figures emblématiques du mouvement noir américain (...)

Aujourd’hui, un film retrace l’extraordinaire parcours de celle qui fut l’un des pires cauchemars de l’establishment blanc. Construit autour d’images d’archives et d’interviews, il est le récit palpitant d’une période cruciale du destin des Etats-Unis. En 1970, alors que les émeutes raciales et les lynchages sont légion, Angela, brillante prof de fac de 26 ans, proche des Black Panthers et membre du Parti communiste, est accusée de meurtre dans un attentat visant à libérer des prisonniers politiques noirs. Quatre personnes, dont un juge, sont tuées. Affichée sur la liste des dix criminels les plus recherchés par le FBI, elle part en cavale. Et devient l’objet d’une vaste machination policière et politique. Après son arrestation, l’opinion publique mondiale se mobilise : les Rolling Stones écrivent pour elle Sweet Black Angel, John Lennon et Yoko Ono enregistrent la chanson Angela. A Paris, Foucault, Sartre et Aragon manifestent pour obtenir sa libération.

A 69 ans, professeur de philosophie à l’Université de Californie à Santa Cruz, Angela Davis, toujours engagée pour la cause des femmes, milite aussi contre la peine de mort et pour les droits des homosexuels. Sa détermination est intacte, son franc-parler aussi. (...)

"J’ai grandi à Birmingham, en Alabama, dans le Sud, "la ville la plus parfaitement "ségréguée" des Etats-Unis", selon Martin Luther King. Dès mon plus jeune âge, j’ai été confrontée au racisme dans mon quartier, surnommé Dynamite Hill. Mon premier souvenir d’enfance est un bruit de bombe : le Ku Klux Klan faisait régulièrement exploser les maisons des Noirs. Partout, des bus aux églises, des magasins aux toilettes publiques, des pancartes affichaient "White only" et "Colored only". Mes parents, enseignants, étaient tous deux activistes communistes. Je me souviens du pistolet de mon père posé sur une table. De ma grand-mère me racontant ses souvenirs de l’esclavage. J’ai voulu fuir cet enfer (...) "