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Greek crisis
AmERTume
Article mis en ligne le 21 juin 2013

Le soi-disant drame politique du jeudi soir aurait pris fin ce vendredi matin. La nuit la plus courte s’achève sur un rien encore trop long. Antonis Samaras dans son allocution de minuit, a précisé “que nous ne retomberons pas dans nos pêchés du passé, les reformes se poursuivront d’ailleurs sans relâche”. L’esprit d’un certain Protestantisme ainsi que celui du méta-capitalisme très certain, triompheraient alors. ERT appartiendrait déjà à la mémoire collective et sa survie, en somme relative, ne serait que très provisoire. Et au petit matin, la dite Gauche démocratique, le parti de Fotis Kouvelis a quitté le gouvernement, découvrant post mortem “toute l’imposture démocratique dans la gestion du dossier ERT, un problème qui n’est pas épidermique”, telle fut la déclaration, si profondément nocturne, de Fotis Kouvelis.

De son côté, Evangelos Venizélos du trop vieux Pasok “la seule marionnette charismatique parmi les trois” d’après ce qui se dit encore assez librement entre deux verres d’ouzo chez les sujets de notre territoire, se considère désormais comme... “le seul sauveur authentique et responsable du pays, ayant en plus pleinement pris conscience, de l’ampleur des souffrances de la société”. C’est ainsi “que le Pasok, ce garant incontournable de la démocratie” en Grèce, n’aurait pas peur des élections, sauf qu’il ne quittera pas le gouvernement, “motivé notamment, par le souci de la stabilité et de la cohésion sociale”. Dans un sens, heureusement que la nuit dernière fut finalement si courte.

Heureusement aussi, que Mikis Theodorakis nous a enfin rappelé à l’essentiel hier jeudi, dans une lettre adressée au Conseil d’État : “Supprimer des orchestres d’un pays, comme ceux de la radio-télédiffusion publique en ce moment, équivaut à un véritable crime contre la civilisation mais aussi contre la nation”. L’Orchestre symphonique de la radio, puis de la radiotélévision publique grecque, aurait alors vécu et survécu des guerres des années 1940, des dictatures et du chaos politique, entre 1938 et 2013, mais vraisemblablement, pas de la Troïka. C’est en cela même que nous saisirons alors combien, ce nouvel instant du monde serait déjà si... novateur. Pour ceux qui ne l’auraient pas encore compris, on change de siècle. (...)

Ce fut ainsi un programme libre et libéré, voire libertaire et libérateur, auquel nous avons pu assister durant ces dix jours du “Printemps ERTien”. Dans un sens, nous l’avons bien senti en les écoutant. Car ces “radiophonistes” de la dernière chance n’avaient plus rien à perdre, et ils le savaient. Plus qu’à la télévision, cette dernière étant souvent plus réductrice que le reste des médias, les émissions de la radio publique de l’après-décret du 11 juin, ont transformé ce... couloir de la mort annoncée en un espace de créativité, d’humour, et de débat alors si rares, et pour tout dire si soudains y compris pour les auditeurs. Antonis Samaras, certainement malgré lui, nous a au moins offert cette dernière cigarette, au goût inoubliable de la liberté.

Et par la même occasion, ces et celles dont l’esprit n’est pas encore complètement nécrosé avant l’heure dans ce pays, auront même remarqué, combien, et même par quelle richesse, la liberté de parole du service public fut ainsi rendue à la société. On ne trouvera pas d’équivalant sur les radios privées et pour cause. Sauf que le temps de la meilleure et de la plus grande radio pirate qu’aurait connu la Grèce depuis l’avènement de l’audiovisuel, n’a eu qu’un temps. La dernière cigarette c’était plutôt la semaine dernière paraît-il. Antonis Samaras et ses conseillers, préparent désormais fiévreusement le prochain “service public”. Plus inféodé que jamais au pouvoir des grands groupes privés du pays (...)