A In Salah, région du sud algérien, déjà productrice de gaz naturel, des centaines de personnes manifestent depuis six jours contre le projet d’exploitation de gaz de schiste , mettant le gouvernement algérien en posture délicate.
Le 27 décembre quand les autorités algériennes ont annoncé, avec grand renfort de publicité, le lancement des premiers forages de gaz de schiste – une première torche a été allumée dans la région d’In Salah, petite ville de 36 000 habitants, elles ne s’attendaient pas à ce que les habitants de la région s’opposent à son exploitation. Scandant « non au gaz de schiste », et dénonçant le fait que le gouvernement algérien ait décidé d’en entreprendre l’exploitation sans consulter la population et sans avoir mené d’études d’impact sur l’environnement, les protestataires ont tenté de barrer la route menant au site. Ils ont ensuite été dispersés sans ménagement par les forces de police. Depuis lundi, d’importantes forces de l’ordre sont arrivées par avion d’Alger et d’autres villes du nord pour rétablir la sécurité.
Initialement, devant les critiques suscitées par le projet d’exploitation du gaz de schiste, le gouvernement algérien ne devait entreprendre l’exploitation que vers 2020, en raison principalement des risques qu’elle faisait peser sur l’environnement. En plus du gaz naturel le sous-sol de la région d’In Salah recèle d’immenses nappes phréatiques pouvant assurer de l’eau potable pour des siècles. D’ailleurs, la ville de Tamanrasset est alimentée à partir d’In Salah par une canalisation d’eau longue de plus de 600 kms d’une capacité de 50 000 à 100 000 mètres-cubes par jour. En cas de pollution de l’eau par l’exploitation du gaz de schiste, une partie du sud algérien où l’agriculture est en train de prendre son essor serait donc menacé.
Une chose est sûre, la tension est très grande dans cette ville du sud du pays (...)
La baisse du prix du baril de pétrole, principale ressource en devises du pays, avec en toile de fond l’absence de projet alternatif post pétrole, n’est certainement pas sans rapport avec la décision précipitée du pouvoir algérien d’entreprendre sans attendre l’exploitation du gaz de schiste (...)
Et si la tendance se maintient, l’Algérie est menacée à terme par un recours à l’endettement extérieur pour financer son développement. Une situation à laquelle le pouvoir algérien ne veut pas se résoudre. Aussi, le gaz de schiste tombe-t-il à point nommé pour sortir les autorités de la mauvaise passe dans laquelle se trouve une économie algérienne droguée à l’import (presque tout est importé) et minée par la corruption. (...)