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« Aide sociale à l’enfance »... bien française ?
Article mis en ligne le 21 août 2012

(...) Que s’était-il passé pour ces garçons ? L’Aide sociale à l’enfance (ASE) les a mis à la porte quand ils ont eu 18 ans et a cessé tout suivi (l’un comme l’autre auraient pourtant bien besoin d’un accompagnement scolaire, social et psychologique). Des circonstances heureuses dans un cas, une éducatrice qui fait autre chose que d’appliquer la consigne, leur ont donné la piste Resf... piste bien décevante en termes de moyens matériels : les militants savent retourner leurs poches à l’occasion, chercher dans les « guides solidarité » mais ne disposent pas de cet hébergement si rare pour tous ceux qui en ont besoin pour le soir ou le lendemain.

Abbas et Oumar sont également menacés d’être mis à la porte par cette Aide sociale à l’enfance strictement nationale ; eux sont mineurs : ils ont les papiers qui l’attestent, mais on leur a fait passer ces fameux tests osseux, si décriés qu’on les aurait cru abandonnés ; pour plus de cohérence, on ne les a pas scolarisés : au lieu de chercher les structures existantes au sein de l’Education nationale, on leur a conseillé des associations d’apprentissage de la langue, associations dont le travail est techniquement et humainement de grande qualité mais qui ne permet pas au jeune ni d’être relativement tranquille dans un collège ou un lycée tant que la scolarité se déroule, ni de bénéficier du soutien d’un établissement.

Habitué qu’on soit aux petites et grandes mesquineries vis-à-vis des sans-papiers, on reste un moment arrêté devant l’attitude d’une administration censée venir en aide. Après tout, la préfecture, c’est la police, l’Etat, on sait bien que la partie sera rude. Mais l’ASE ? Et la mairie de Paris, qui a repris l’antienne du conseil général du 93 sur le « poids » de ces jeunes ? Ces gens-là sont donc capables de dire à un jeune qui a 18 ans ou moins d’aller dormir dehors ?

(...) On le sait, l’enfance suscite aujourd’hui autant de méfiance que d’espoir, et l’enfant-fardeau pèse d’autant plus qu’il est étranger. Comment faire entendre une autre voix, celle de l’ordonnance de 45, celle de la convention internationale des droits de l’enfant ? Si nous parlons, au-delà de ces textes, de la voix du coeur, cela fera ricaner nos responsables... Si au moins nous pouvions faire que leur rire soit gêné, qu’ils sortent par moments de leur étroitesse, que des places d’hébergement ouvrent. Quelques centaines de places pour Paris, le souci systématique de la scolarisation, un regard autre : peut-on travailler à la fin des hostilités envers les jeunes étrangers ? (...)